En ayant quasiment servi qu'à nourrir inconsidérément la frénésie dépensière de l'Etat. Ainsi, les années fastes du pétrole cher étant bel et bien révolues, la messe semble donc dite pour le FRR en tant que fonds spécial où étaient engrangés jusque-là d'importants surplus de recettes fiscales. Il ne pourra tout simplement plus être alimenté, faute bien sûr de ressources financières suffisantes. A compter de janvier prochain, le différentiel de recettes issu de l'écart entre le prix réel du pétrole et celui pris en référence pour l'élaboration du budget de l'Etat (37 dollars le baril ces dernières années) cessera donc officiellement d'exister. D'où l'évidence qui s'est imposée dès à présent au gouvernement, le poussant à baser directement ses lois des finances sur les cours effectifs du marché pétrolier, soit à 50 dollars le baril pour l'année à venir, selon ses propres anticipations. Plus d'«euphorie pétrolière», et par conséquent plus d'excédent à faire transiter par le FRR pour le ponctionner ensuite, à travers une prodigieuse gymnastique budgétaire, afin de couvrir les déficits abyssaux que l'Etat s'autorisait avant la crise. Pour son budget en vigueur; basé sur un prix réel du baril de pétrole à 45 dollars, l'Exécutif, rappelle-t-on, avait prévu un prélèvement de l'ordre de 1804 milliards de dinars sur le FRR afin de financer le déficit prévisionnel du Trésor. Le solde prévu de ce même fonds s'établit en conséquence à un niveau de près de 1800 milliards de dinars au titre du budget 2016, contre plus de 3000 milliards de dinars en 2015. Pour le budget de l'année prochaine — élaboré, lui, sur une projection plus optimiste du prix du pétrole à 50 dollars le baril —, il est prévu également une forte ponction pour financer le même déficit, soit un total de près de 942 milliards de dinars, sur un reliquat du FRR estimé à peine à quelque 1000 milliards de dinars à fin 2016, selon le projet de loi de finances adopté récemment en Conseil des ministres. L'échec consommé En somme, le Fonds aura un reliquat quasi-nul et surtout — comme mentionné clairement dans le texte dudit projet de loi — «aucun surplus de fiscalité pétrolière à prévoir pour 2017»… S'estompe donc, telle une simple illusion perdue, le si vanté Fonds de régulation des recettes que le pouvoir en place présentait pendant tant d'années comme un gage de sa compétence et de sa volonté à prémunir le pays contre tout choc externe. Au final, deux petites années de mauvaise conjoncture pétrolière auront suffi à avoir complètement raison de cette fameuse cagnotte, dont le solde après prélèvement pour financer le déficit atteignait, pour mémoire, plus de 4400 milliards de dinars à fin 2014. Symptomatique d'une faillite totale de la politique économique de la décennie précédente, la mise à mort prématurée du FRR, faut-il en définitive déplorer, n'est pas tant une simple conséquence d'un revirement ordinaire de la conjointure pétrolière, mais bien celle d'une gestion inconsidérée de l'argent public. Conçu à l'origine pour «stabiliser la dépense publique à un niveau raisonnable» et surtout pour «mettre la dépense d'équipement de l'Etat à l'abri des fluctuations des recettes pétrolières», le FRR, regrette en ce sens celui qui en et le principal concepteur, Abdelatif Benachenhou, aura été trop sollicité ces dernières années pour financer le déficit du Trésor et notamment massivemement en 2014. Or, souligne l'ancien ministre des Finances et ex-conseiller du président Bouteflika, dans son livre intitulé L'Algérie : sortir de la crise, «sans plafond fixé aux tirages opérés sur ses ressources», le Fonds perd, tout simplement, «tout son sens». D'où, en définitive, son tarissement désormais officialisé, tandis que son équivalent norvégien, un modèle du genre — également alimenté par les revenus pétroliers de l'Etat et pareillement sollicité par le gouvernement — affiche, lui, à fin septembre dernier, une valeur totale de 793 milliards d'euros et, surtout, un rendement enviable de l'ordre de 4% sur ses placements.