Le Fonds de régulations des recettes (FRR), sorte de cagnotte de l'Etat, n'a jamais été autant sollicité, depuis sa création il y a quatorze ans, que durant l'exercice écoulé, font ressortir les derniers chiffres officiels rendus publics par le ministère des Finances. Alimenté par les surplus de recettes issus du différentiel entre le prix réel du pétrole et celui fixé comme base à l'élaboration des lois de finances, le FRR a ainsi été amputé à hauteur de 2965,6 milliards de dinars en 2014, contre 2132,4 milliards de dinars durant l'exercice précédent. Ces «gros» prélèvements, les plus importants jamais atteints auparavant, ont servi exclusivement à combler le déficit du Trésor en 2014, précise le bilan de la Direction générale de la prévision et des politiques (DGPP) du ministère des Finances, repris hier par l'APS. Ainsi l'année dernière, indique la même source, le Trésor public a enregistré un déficit abyssal de 2965,6 milliards de dinars, soit un niveau record jamais atteint depuis quatorze ans. Outre la propension des pouvoirs publics aux excès de dépenses inconsidérées, l'aggravation du déficit du Trésor, et donc des prélèvements sur le FRR, a été surtout le fait d'une nette contraction de la fiscalité pétrolière recouvrée l'année dernière, soit quelque 3388,3 milliards de dinars seulement contre 3678,1 milliards de dinars en 2013. Ces recouvrements, soulignent les services du ministère des Finances, ont profité à hauteur de 1577,7 milliards de dinars au budget de l'Etat, tandis que quelque 1810,6 milliards de dinars ont été affectés au Fonds de régulation des recettes. Aussi, de 5563,5 milliards de dinars engrangés à fin 2013, les recettes de ce fameux FRR se sont contractées, après prélèvements, à 4408,4 milliards de dinars à la fin de l'exercice écoulé. Depuis 2006, faut-il le rappeler, le FRR, conçu à la base pour contrer d'éventuel chocs externes, a été perverti, pour ainsi dire, en une sorte de «budget parallèle» pour financer des déficits budgétaires artificiels basés sur un baril à 37 dollars, alors que les cours pétroliers réels se situaient à des niveaux bien supérieurs. C'est ainsi que ces excédents de recettes ont commencé à être de plus en plus consommés. Les prélèvements sur le FRR pour financer les déficits passés de 91,5 milliards de dinars en 2006 à un pic de 2965,6 milliards de dinars en 2014. Et à cette forte aggravation des déficits des finances publiques, charriée surtout par la folie dépensière de ces dernières années et ses corollaires, la gabegie et la corruption, s'ajoute aujourd'hui, faut-il le rappeler, l'inquiétante fragilisation des équilibres extérieurs du pays, du fait de la chute continue du prix du baril depuis juin dernier. De fait, en même temps que s'épuisent les ressources du FRR, les réserves officielles de changes ont également commencé à sérieusement se contracter, compromettant ainsi, non seulement le pouvoir d'achat du pays à l'étranger, mais aussi l'équilibre de la parité de sa monnaie. Déjà 15 milliards de dollars de perdus sur ce fameux matelas de devises, selon les derniers bilans de la Banque d'Algérie. Le retour à la crise ne faisant ainsi que commencer, reste à savoir sur qui retomberont les premiers effets d'une politique d'austérité désormais annoncée.