A chaque fois qu'un abonné du téléphone fixe appelle un abonné mobile chez l'un des trois opérateurs (Djezzy, Mobilis ou Nedjma), il paie 9 DA en hors taxe par minute, dont 6,5 DA vont à l'opérateur mobile. Dans le cas d'un appel du mobile vers le fixe, Algérie Télécom prend entre 1,20 et 2,80 DA sur le prix de la communication que perçoit l'opérateur mobile. Ce prix peut varier entre 4,60 et 18 DA, tous opérateurs confondus, selon les forfaits proposés. Cette situation est le résultat direct de l'encadrement des tarifs de l'interconnexion imposé par les cahiers des charges des différents opérateurs mobiles en Algérie. Or, depuis le 15 février, cet encadrement est devenu caduc, ayant pris fin, et les opérateurs ne sont plus tenus de l'appliquer. Ils doivent passer à la table des négociations. Ces négociations doivent déterminer l'avenir du déploiement du mobile en Algérie, estiment les experts. Deux options se présentent pour gérer cette négociation. La première étant qu'Algérie Télécom maintient ses tarifs de l'interconnexion et augmente le prix de la minute du fixe vers le mobile, chose qui ne passera pas facilement auprès des usagers du fixe, dont « près de 40% demandent actuellement le verrouillage de leurs appels vers le mobile, car estimant que le prix de la minute du fixe vers le mobile est déjà élevé », rétorque-t-on auprès de l'opérateur historique. La seconde option serait qu'Algérie Télécom baisse ses tarifs de l'interconnexion et augmente ce qu'elle reverse aux opérateurs mobiles - les 6,5 DA. Cette option est défendue par les opérateurs mobiles qui se basent sur les benchmarks (comparatif des marchés) en l'absence d'une comptabilité analytique qui aurait pu déterminer les vrais coûts de production de l'interconnexion vers lesquels doit tendre sa facturation entre opérateurs. Dans leurs argumentaires, dans le cas d'une interconnexion en local par exemple, ils estiment que le prix de 1,20 DA est trop élevé comparativement à la moyenne européenne qui est de 0,84 DA. La solution, selon eux, serait de la faire baisser à 0,85 DA. Du côté de l'opérateur fixe, on affirme que le déficit structurel de l'interconnexion impose de revoir les tarifs. Le dernier rééquilibrage des tarifs reste insuffisant pour les opérateurs mobiles. Ils estiment qu'il n'est pas suffisant, car le prix de l'abonnement a été baissé au lieu d'être augmenté - il est passé de 200 à 150 DA - comme cela a été constaté dans la plupart des pays qui ont ouvert leur marché des télécommunications. Ils suggèrent à l'opérateur d'augmenter le prix de l'abonnement à 600 DA pour faire face à ce déficit. Chez Algérie Télécom, on rappelle que « 80% du trafic généré vont du fixe vers le mobile ». Algérie Télécom a-t-elle perdu sa licence fixe ? On explique que le comportement du consommateur algérien est de « biper » son correspondant pour que celui-ci le rappelle à partir du fixe. « Il ne faut pas que les opérateurs mobiles scient la branche sur laquelle ils sont assis. » La solution pour l'opérateur historique serait d'arriver aux mêmes tarifs de l'interconnexion qu'entre mobiles qui sont de 4 DA. « Pas facile de convaincre Algérie Télécom de se comporter en opérateur comme les autres. La mentalité de monopole de l'administration de l'ex-P et T est toujours présente », affirme-t-on auprès des opérateurs mobiles. Chose que réfute naturellement ce dernier. Des experts font remarquer que, selon le décret 01-417 du 20 décembre 2001, Algérie Télécom bénéficiait d'une autorisation de régularisation pour ses activités en dehors du GSM, qui a pris fin au 31 décembre 2004. Après cette date, l'opérateur historique devait recevoir une licence de régularisation qui n'a pas encore été établie. Cela a débouché sur une situation où, paradoxalement, Algérie Télécom n'a pas de licence pour son activité dans le téléphone fixe. Chez l'opérateur historique, on reste sereins. On affirme que la date du 31 décembre a été fixée « par souci de ne pas retarder les réformes du secteur dans le cas où aucune licence fixe ne serait vendue à cette date ». Mais comme le consortium Orascom Telecom Holding et Egypt Telecom ont obtenu le 1er mars 2005 une licence fixe, l'opérateur historique et ce consortium vont recevoir dans les plus brefs délais ces licences avec leurs cahiers de charges respectifs. Il est vrai que la guerre se passe en quelque sorte autour des 6 DA, mais l'enjeu est dans les 30 milliards de dinars que devrait générer le marché de l'interconnexion entre opérateurs en 2005. A la lumière de la vitesse avec laquelle vont les négociations entre opérateurs, il semble que ce soit à l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) de trancher le débat.