Le malaise a atteint son paroxysme au sein des filiales de l'ex-EPLF de Boumerdès. Les dettes, les salaires impayés, les projets en souffrance (dont ceux des logements LSP qui traînent depuis 10 ans), des contentieux inextricables et, par-dessus tout, des décisions du gouvernement qui ont paralysé l'entreprise depuis deux ans ont fini par la dévitaliser totalement. Pour l'exemple, les travailleurs de la filiale Voirie et réseaux divers (VRD Plus) sont depuis 15 jours en grève illimitée pour réclamer le versement de leurs salaires des quatre derniers mois. Pour le directeur de la filiale, M. Rouidjali, « cette revendication est légitime, mais nous sommes en difficulté et en situation d'indisponibilité financière. La restructuration a tardé et il est impossible de satisfaire totalement la doléance des travailleurs ; la trésorerie de l'entreprise ne le permet pas ». Son entreprise détiendrait des créances de 15 millions de dinars sur l'EPLF, l'entreprise mère, elle-même lourdement endettée. Cette asphyxie touche toute l'EPLF de Boumerdès et elle est aggravée par les tergiversations des pouvoirs publics qui ont mis deux ans pour trancher la question de la restructuration de l'entreprise, dans le cadre d'une mesure qui touche les 19 EPLF du pays. L'Etat a gelé les transactions de l'entreprise depuis deux ans, mais celle-ci devait continuer à travailler. Les filiales de l'EPLF ont, par conséquent, déboursé de l'argent sans aucune possibilité de renflouer leurs caisses. Cette mesure a exténué l'entreprise. Tout cela pour aboutir, tout récemment, à une intégration partielle des filiales de l'EPLF de Boumerdès dans l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), nouvellement créée pour englober toutes les EPLF du pays. Quatre filiales seulement sur les sept que compte l'entreprise (MCCES, VRD PLus, ESGP et Basc) sont admises au sein de l'ENPI, tandis que les trois autres, spécialisées dans la maîtrise d'ouvrage, ne sont pas intégrées totalement. Ceci est dû au fait que les projets qu'elles gèrent ont des problèmes : situation financière handicapante, absence d'actes de propriété des terrains et autres. Ainsi Alpri, LII, AIRO sont intégrées, mais leurs projets sont laissés à l'entreprise mère qui reste, elle, indépendante « jusqu'à nouvel ordre ». « Pour les entreprises de réalisation, le transfert de propriété est déjà fait. Mais pour les trois autres, l'opération a buté sur d'insurmontables problèmes découlant de la situation économique de ces entreprises », avons-nous appris d'une source très proche du dossier. Car de nombreuses réserves relatives à l'état des projets ont été émises par l'ENPI. Si les filiales totalement transférées sont supposées être assainies de leurs dettes, il n'en est pas de même pour les 3 autres et l'entreprise mère qui a racheté leurs dettes. Cette dernière est ainsi plongée dans une situation d'endettement quasi insoluble. Le groupe traînait déjà des dettes énormes et en rachetant celles de ses filiales pour leur permettre d'être englobées dans l'ENPI, il se retrouve surendetté. Ces filiales sont, en théorie, parties avec des bilans équilibrés à l'ENPI. SGP Injab est en train d'assainir ces entreprises et cette opération d'assainissement se poursuit sur la base des bilans arrêtés au 31 décembre 2008, mais ces décisions n'ont pas encore dépassé le stade des écritures. En pratique, aucune mesure n'est encore prise. Certains cadres de ces filiales transférées se disent cependant confiants car « de toute manière, ces mesures vont se concrétiser. Elles seront mises en exécution soit par le groupe EPLF, soit par l'ENPI ». A rappeler que l'EPLF de Boumerdès employait plus de 850 personnes dans ses 7 filiales et qu'elle disposait d'un patrimoine immobilier considérable, avec des propriétés et des projets dans plusieurs wilayas du pays. Va-t-on le préserver ?