A l'inverse du big bang, point de création de l'univers où la lumière de l'explosion primordiale est apparue avant le son, pour le Mouloud, le bruit précède toujours la lumière des bougies de la fête proprement dite. Depuis quelques semaines, les pétards explosent un peu partout, ce qui fait sursauter les craintifs et les angoissés, ce qui fait rire les enfants et les douaniers. Pour l'année 2009, 2,8 millions d'unités pyrotechniques, pétards, feux d'artifice et autres artifices ont été saisis, ce qui représente une valeur de 10 milliards de dinars. « Oui, mais qui est Mouloud ? », demande un enfant, la tête encore enfouie dans les dessins animés. C'est un sympathique personnage de la mythologie maghrébine, un père Noël sans cadeaux mais joyeux collectionneur de bougies sans compteur Sonelgaz, qui aime le bruit et la lumière, génial inventeur qui sait, en temps de crise, créer une explosion avec le soufre d'une allumette ou le carbure du Mozabite et qui, même avec des douaniers honnêtes, trouvera toujours le moyen de faire éclater quelque chose. Les enfants l'auront compris, la fête du Mouloud est la plus joyeuse du calendrier local, car si pour Mouharem ou l'Achoura on ne fait que manger de la rechta et dormir tôt, pour le Mouloud, on s'amuse tard dans la nuit et on rit. Si pour l'Aïd, le petit comme le grand, on ne fait que manger des gâteaux et de la viande, pour le Mouloud, on fait exploser des pétards et on se bat joyeusement à coups de frayeur. Juste pour cette raison, dans un pays qui fête tristement ses fêtes, il faut encourager tout ce véritable spectacle son et lumière. C'est d'ailleurs la dernière question du jour : pourquoi interdit-on les pétards ? Parce que c'est dangereux, beaucoup plus qu'une bouteille de gaz détournée par le GSPC. Les accidents de circulation font 5000 morts par an. A-t-on pour autant interdit les voitures ?