Dans le cadre du programme Erasmus, l'université Frères Mentouri à Constantine (UFMC) a abrité, les 8 et 9 novembre, les 1res Journées intermédiaires du projet Coffee (Construction d'une offre de formation à finalité d'employabilité élevée). Tous les partenaires de ce projet, à savoir le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, 9 universités algériennes, 7 universités européennes, la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI) et l'Association pour le développement et la promotion de l'entreprise (ADPE) et le centre de compétence, Forem-environnement, se sont réunis sur le campus des 500 places pédagogiques pour dresser un bilan de mi-parcours et élaborer le plan d'action 2017. «Ces journées intermédiaires permettront aussi aux partenaires de partager leurs expériences et compétences ainsi que les résultats et les problèmes rencontrés pendant la première année du projet», selon le rectorat. Relevant du programme d'échange d'étudiants et d'enseignants entre les universités et les grandes écoles européennes, le projet Coffee, d'une durée de trois ans est coordonné par l'université de Montpellier (France). Lancé en octobre 2015 et devant prendre fin en 2018, soutenu par la commission européenne avec un budget de plus de 900 000 euros, ledit projet se propose de répondre aux besoins du monde socioéconomique algérien en cadres moyens rapidement opérationnels par le biais de la création de formations professionnalisantes de niveau bac+3. A l'issue de cette rencontre, une maquette pour la construction des licences professionnalisantes, dix-huit en tout, aux fins de renforcer la relation université-entreprise, sera élaborée. Des licences professionnelles en mécanique, sciences topographiques et énergies renouvelables ont été retenues par l'université Constantine1. Dans le système universitaire algérien, où, seulement 5% des formations se disent de cet acabit, Coffee se veut un baromètre pour mesurer la réalité des statistiques. «C'est aussi une passerelle qui permet aux universitaires et aux professionnels de se rencontrer pour construire ensemble des licences professionnalisantes», ont soutenu des partenaires du projet. Mais il faudra au préalable dresser l'état des lieux concernant la réalité de l'emploi et la dimension qualitative des diplômes pour pouvoir se projeter, pieds joints dans cette nouvelle formule. Selon les statistiques de l'Agence nationale pour l'emploi (ANEM) : «…jusqu'au 30 septembre dernier, sur les 919 000 demandeurs d'emploi, 818 000 sont des jeunes diplômés.» Ceux qui auront la chance de décrocher un contrat, cela se fera dans le cadre exclusif du dispositif «Emploi jeunes». Une précarité doublée d'une utilisation à «mauvais escient», puisque la recrue n'est jamais placée dans son domaine de prédilection. Cette inadéquation entre la formation universitaire et les besoins du marché de l'emploi a fait dire aux experts que «Les connaissances théoriques peuvent être bonnes, mais ces jeunes, qui sont surdiplômés (bac +5 et bac +8), ne sont pas pour autant opérationnels. Pour un chef d'entreprise, il faut compter entre une et trois années avant de rentabiliser une embauche». PRÉCISION DES CIBLES ET DES DONNÉES Lors de la présentation, le 7 février 2016, du projet Coffee, la poignée d'opérateurs économiques présents dans la salle de conférences avait visiblement ses exigences professionnelles. Du débat amorcé, il ressort que le secteur de l'entreprise fait face à des écueils, particulièrement ceux liés à la non-maîtrise des langues française et anglaise, l'inadaptation de certaines filières à la réalité. Selon toujours les chiffres de l'ANEM, sur «les 100 000 offres déclinées, 65% sont exprimées par des jeunes qui refusent de travailler dans le secteur privé». C'est dire que le processus s'annonce de longue haleine. Pour le cursus de 2015, près de trois mille étudiants de l'université Mentouri ont bénéficié de stages de formation. De l'avis général, cela demeure insuffisant quant on apprend que «seulement 5 % des étudiants en master dans les universités algériennes sont inscrits en doctorat, et 85 % des diplômés en master ne sont pas formés à l'emploi». Le projet Coffee donne le coup d'envoi de «l'enseignement utile». C'est donc aux universités algériennes de s'emparer de ce programme et à elles aussi d'imaginer, avec leurs partenaires du monde socioéconomique, d'autres formations à venir. Car l'idée est aussi d'impulser un changement profond, en suscitant chez les industriels et les universitaires la vocation de l'étroite collaboration. Une année après qu'il soit actionné, le projet Coffee fait le point. Les échanges des points de vue entre les différents partenaires se sont effectués à travers un programme et des tables rondes. Sur un plan académique, il est question d'un retour d'expertises et choix des licences professionnalisantes de la première vague, dégager la méthodologie de la seconde vague, partager des expériences de dissémination entre les partenaires, l'établissement du plan d'action 2017 et enfin la répartition des rôles. «C'est une évaluation de mi-chemin. Les différents partenaires ont discuté de la démarche. C'est une présentation sous forme de compétences et de métiers dont la formulation et la mise en place doivent être précises et les données ciblées au préalable», conclura le recteur de l'UFMC, le Pr Abdelhamid Djekhoun.