Les négociations se déroulent sous le parrainage de l'ONU. Il s'agit de mettre fin à 42 ans de division sur cette île méditerranéenne. Les deux dirigeants se sont donné jusqu'à la fin de l'année pour trouver un arrangement. La question de la division de Chypre est l'un des plus vieux conflits au monde et plusieurs tentatives de réunification ont échoué, la dernière remontant à 2004. Chypre est divisée depuis que l'armée turque a envahi, en 1974, la partie nord de l'île en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher le pays à la Grèce. Une menace pour la minorité turcophone, selon Ankara. Cette invasion a été provoquée par le déplacement de dizaines de milliers de personnes entre le Nord et le Sud. Depuis, la République de Chypre, membre de l'Union européenne (UE) depuis 2004, n'exerce son autorité que sur la partie sud, où vivent les Chypriotes grecs. Les Chypriotes turcs habitent dans le Nord, où une République turque de Chypre du Nord (RTCN) a été autoproclamée et n'est reconnue que par Ankara. Les deux délégations réunies ont pour mission de dessiner une carte avec des frontières internes délimitant les deux entités (chypriote turque et chypriote grecque) qui formeront la future fédération. Ils doivent aussi régler la question de la spoliation des biens. Le président Anastasiades souhaite que le retour d'au moins 100 000 Chypriotes grecs dans les propriétés qu'ils avaient dû quitter. De leur côté, les Chypriotes turcs veulent voir le moins possible de personnes quitter leur foyer. Les deux dirigeants seraient proches d'un accord sur la part de l'île revenant à l'entité chypriote turque, Mustafa Akinci suggérant environ 29% et Nicos Anastasiades proposant 28%. Bien que largement minoritaires, les Chypriotes turcs contrôlent actuellement 36% de l'île. Le sort d'un certain nombre de villes ou villages divise cependant les deux camps. Le président Anastasiades veut voir cette localité, peuplée avant 1974 de Chypriotes grecs, revenir à ses anciens habitants, mais le leader turc Akinci refuse que ses 18 000 habitants actuels, des Chypriotes turcs, soient obligés d'abandonner leurs foyers. Il a toujours été admis qu'en cas de solution, une partie des terres ou des maisons dans le Nord sera restituée aux propriétaires chypriotes grecs. Mais plus de 40 ans ont passé depuis la division et les Chypriotes turcs ont fait leur vie dans ces propriétés, rendant inconcevable un éventuel départ. Des Chypriotes turcs spoliés de leurs biens dans la partie sud de l'île espèrent également récupérer leurs terres ou être indemnisés. En cas de règlement du dossier territorial, les discussions devront se poursuivre avec les trois «garants» de la sécurité de Chypre : la Turquie, la Grèce et la Grande-Bretagne, disposant de bases militaires dans l'île. Tout accord sera soumis au vote par référendum dans chacune des deux parties de l'île, où ces pourparlers de paix ne font pas l'unanimité.