La grille d'évaluation publiée sur le site web du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et celui de la Santé a surpris plus d'un. Une grille qualifiée de «sur mesure» par les candidats toutes spécialités confondues qui ne comptent pas se taire. Un concours que l'on veut à tout prix organisé alors que rien ne presse, surtout que le dernier a eu lieu en 2014. «Aucun pays au monde n'organise chaque deux ans le concours au poste de chefferie de service. Il est clair que là on veut placer des personnes», s'indigne un candidat, qui dénonce les «pratiques douteuses» du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires qui est «complice dans cette affaire qui risque de déboucher sur de sérieux problèmes». «Ces délais, trop courts, favorisent les privilégiés dont les dossiers sont très probablement déjà ficelés. Ils constituent également une preuve supplémentaire que le prochain concours pour les chefferies de service s'inscrit en droite ligne de la stratégie globale de mise à terre de notre pauvre pays par les forces du mal, car privilégiant la médiocrité, l'incompétence et l'arrivisme au détriment de la science, du terrain, de la pratique de la médecine dans l'abnégation totale au seul profit du malade», a-t-il encore souligné. Dans le souci d'éviter de graves dérives, les candidats ont saisi le ministre de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur pour exprimer leur mécontentement quant au contenu de cette grille qu'ils jugent «discriminatoire». Abdelmalek Sellal a été également destinataire du même courrier, lui demandant d'user de son pouvoir de Premier ministre pour procéder à l'annulation de ce concours dont tout a été fait dans la précipitation : «Comptant sur votre sens de la justice et de l'équité, nous avons l'ambition d'obtenir de vous, de par l'autorité dont la République vous a investi, le sursoit sans délais du prochain concours, qui présente le danger d'être encore plus dommageable que celui de 2014. Il y va de l'honorabilité et de l'avenir de la profession.» Les candidats au concours crient au scandale et accusent «certains confrères du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) à la recherche de promotions auxquelles ils n'auraient même pas rêvé». Les candidats n'ont pas manqué de faire remarquer aux deux ministres de tutelles, Abdelmalek Boudiaf et Tahar Hadjar, que «sur le plan de l'amélioration des soins, le malade est le grand absent de cette grille. Il en est de même pour l'enseignement. Ainsi, nos deux principaux objectifs – nos raisons d'être – sont relégués au rang d'intérêts subsidiaires au profit de prétentions et d'ambitions tant démesurées que scientifiquement intolérables». Le poste de chef de service tant convoité semble accessible selon cette nouvelle grille de la «discorde» avec une amputation de 15 à 20 ans de carrière. Pour les candidats, pour prétendre devenir chef de service hospitalo-universitaire, il convient de remplir un certain nombre de conditions et aussi de se fixer des objectifs de gestion, dont le but est de contribuer, de concert avec les ministères de tutelle, à l'amélioration continue des procédures inhérentes à la santé publique, à l'enseignement et à la recherche scientifique. «Or, dans cette grille, la somme de points dévolue à la santé est de 49, celle de l'université n'est que de 43 points ! Pourquoi cette discrimination criante ?» s'indignent-ils. Et d'ajouter que «l'objectif d'un concours est de départager les candidats à l'aide de critères objectifs d'arbitrage juste et sans parti pris». Il serait donc logique d'aller vers une évaluation normative qui permet de comparer la performance des postulants à partir du premier grade de la carrière, permettant ainsi une «évaluation exhaustive». «Dans cette grille, les critères ou les tâches les plus valorisées sont aux antipodes des activités hospitalo-universitaires de la majorité des candidats, c'est-à-dire, les soins, l'enseignement et la recherche. Ainsi, nous relevons avec amertume que la part du lion est accordée aux postes administratifs à notre préjudice», ont-ils souligné, tout en dénonçant le point relatif à la base de l'évaluation qui a été modifiée. «Les précédents concours de chefferie commençaient l'évaluation à partir du grade de maître-assistant. Pourquoi a-t-on changé cette ancienne procédure et qu'on l'a fixé à maître de conférence A ?» s'interrogent-ils. La grille d'évaluation est donc jugée «non scientifique» et surtout «discriminatoire», puisque les chefs de service titulaire et candidats à ce poste, c'est-à-dire les lauréats du concours de 2014 ayant pris la chefferie uniquement deux années, sont exclus de ce concours, car ils doivent justifier d'un exercice minimal de quatre ans en cette qualité. Rappelons que la grille d'évaluation de 2014 a fixé cette période à deux années seulement.