Le patrimoine des arts lyriques algérien ne tire-t-il pas sa sève des confréries religieuses, et, par extension, des lieux du culte ? Beaucoup le pensent et ils n'ont pas tort. La célébration du mawlid ennabaoui Echarif, à La Casbah, ce week-end, est venue corroborer cette thèse. Au cœur de la vieille citadelle, l'Association des amis de la Rampe Valée se sont ingéniés à perpétuer cette tradition ancestrale en organisant une cérémonie faite de recueillement et de medh au mausolée qui abrite le saint-patron d'Alger, Sidi Abderrahmane Ethaâlibi. Le maître de la chanson andalouse, Sid Ahmed Serri, avec une pléiade de jeunes, s'est acquitté de cette mission en donnant toute sa magnificence à ce rite en psalmodiant des versets du Coran dans un style qui est le sien, repris en chœur par une assistance émue et recueillie. L'autre maître de la musique, Mohamed Khaznadji, également présent aux cérémonies, n'a sans doute pas eu tort de dire qu'en préservant ces traditions, ce legs ancestral, on préserve notre culture, notre personnalité et notre authenticité. Et c'est justement pour sauver les mémoires que Lounès Aït Aoudia, président de l'association organisatrice, s'est fendu d'un vibrant discours « qui appelle à la réappropriation de nos valeurs et de nos repères en les transmettant judicieusement aux nouvelles générations, pour éviter les ruptures et restituer cet inestimable trésor. Tout cela passe par une valorisation du patrimoine immatériel qui, hélas, dans la plupart des cas, est en déperdition ». La célébration du mawlid à La Casbah nous a réconciliés avec nos valeurs, avec nous-mêmes, comme l'a déclaré Djamel Soufi, membre de l'association, qui a inauguré la fête en récitant à sa manière des versets du Coran. Lors de la collation offerte au palais d'El Minzah, en guise d'apothéose, Rabah Haouchine nous a offert un magnifique poème en arabe dialectal dédié à El Bahdja.