Une étude a montré que les quantités de poussière du Sahara avaient fortement augmenté à la fin des années 1960 et au début des années 1970, et ce, en même temps qu'une importante sécheresse en Afrique du Nord. Les particules du sol du désert, emportées par les vents sur des milliers de kilomètres dans l'atmosphère, agissent contre le changement climatique en bloquant les rayons solaires, selon des climatologues. « Nous avons intégré la poussière dans différents modèles climatiques pour essayer d'en quantifier l'impact et il en ressort que la variabilité de ces particules est très importante pour prédire l'évolution du climat et comprendre ce qui s'est passé dans les périodes antérieures et mieux prédire le futur », a expliqué Nathalie Mahowald, climatologue de l'université Cornell (New York, nord) lors d'une présentation à la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) réunie du 18 au 22 février à San Diego (Californie). Le géologue Daniel Muhs, du Bureau américain des études géologiques (U.S.Geological Survey) a relevé que « les époques terrestres où il y avait eu le plus de poussière véhiculée dans l'atmosphère ont correspondu à des périodes glaciaires ». Actuellement, « nous vivons dans un moment où il y a moins de poussière » que dans le passé. Selon ce scientifique, les variations dans la masse des particules transportées par les vents « sont d'une grande importance pour le cycle de CO2 » et les radiations solaires sur la planète. La mémoire géologique permet de tester les modèles climatiques utilisés pour prévoir les conditions climatiques futures. La relation entre poussière et climat a été particulièrement documentée depuis ces dernières décennies par des travaux de Joseph Prospero, professeur retraité de chimie atmosphérique et marine de l'université de Miami (sud-est). « Les 30 premières années de mesures de poussière atmosphérique montrent une très forte relation entre les aérosols transportés à travers l'océan Atlantique depuis l'Afrique et les quantités de pluie dans le Sahel et la région du Soudan », a dit cet expert. Son étude a montré que les quantités de poussières du Sahara avaient fortement augmenté à la fin des années 1960 et au début des années 1970 et ce, en même temps qu'une importante sécheresse en Afrique du Nord. Certaines des périodes les plus intenses de ces transports de poussières ont également correspondu à une forte intensité du courant marin El Nino qui peut agir sur la force des vents et la variabilité des précipitations, a observé Joseph Prospero, notant toutefois que des recherches supplémentaires doivent être menées pour « bien comprendre la mécanique des relations entre climat, précipitations et transport de poussière par les vents ». Les poussières jouent également un rôle crucial de fertilisation et de contrôle de la végétation, a, de son côté, expliqué Olivier Chadwick, professeur de géographie et de sciences de l'environnement à l'université de Californie. « Certains effets de ces déplacements de poussière provenant du désert et retombant ailleurs sur la planète sont très positifs car ces particules transportent aussi des nutriments qui vont se déposer par exemple dans le bassin de l'Amazone et fertilisent la forêt tropicale », a-t-il indiqué. Daniel Muhs, du U.S. Geogological Survey a précisé qu'environ 10% de la superficie du globe sont recouverts de loess, un sédiment transporté par le vent qui forme les sols les plus fertiles dans le monde.