La Russie et la Turquie renforceront leur coordination militaire en Syrie, après la mort de trois soldats turcs, tués «accidentellement» dans un raid de l'aviation russe dans le nord du pays, a annoncé hier le Kremlin. «La coordination militaire sera renforcée dans le cadre de l'opération en Syrie contre les combattants de l'Etat islamique et les autres organisations extrémistes», a indiqué le Kremlin dans un communiqué après une conversation téléphonique entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Au total, 66 soldats turcs ont été tués depuis le début de l'intervention turque dans le nord de la Syrie, le 24 août, pour déloger les djihadistes de l'EI mais aussi les milices kurdes syriennes qu'Ankara considère comme des groupes terroristes liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Par ailleurs, les forces gouvernementales syriennes ont lancé, hier, une nouvelle offensive contre le groupe terroriste autoproclamé Daech, qui contrôle Al-Bab, à l'est d'Alep, ont rapporté des agences. «L'offensive de l'armée gouvernementale syrienne, visant à déloger les terroristes de leurs positions près de la ville d'Al Bab, a été un succès, trois lignes de défense des terroristes ont été franchies», a indiqué une source militaire. «Ainsi, l'armée a atteint ses principaux objectifs. Elle a encerclé les terroristes à Al Bab, ville qui est également assiégée par l'armée turque et l'opposition syrienne, et a sécurisé la route stratégique de Hanaser, qui relie le nord et l'est de la Syrie», ajoute-t-on. Pentagone L'armée gouvernementale syrienne a entamé mi-janvier l'opération pour la libération de la ville d'Al Bab et le contrôle des routes stratégiques entre le nord et l'est du pays. Par ailleurs, le Pentagone a annoncé avoir tué, dans un bombardement en Syrie le 4 février, Abou Hani Al Masri, un vétéran d'Al Qaîda qui avait rejoint les rangs de l'organisation extrémiste dès les années 1980. Al Masri, tué dans la région d'Idleb, «avait des liens avec Oussama Ben Laden et Ayman Al Zawahiri», l'actuel chef d'Al Qaîda, a indiqué dans un communiqué le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis. «Il a supervisé la création et les opérations de nombreux camps d'Al Qaîda en Afghanistan dans les années 1980 et 1990, où il a recruté, endoctriné, entraîné et équipé des milliers de terroristes qui se sont ensuite répandus dans la région et le monde», a affirmé Jeff Davis. Le Pentagone a également revendiqué un autre bombardement, la veille, dans la région d'Idleb, qui a «tué dix extrémistes dans un bâtiment utilisé comme un lieu de réunion» par le réseau djihadiste. Les frappes américaines en Syrie se sont longtemps concentrées sur le groupe Etat islamique. Mais depuis quelques mois, les frappes visant Al Qaîda se sont multipliées. Pourparlers Avec toutes ces exactions commises dans l'impunité totale, l'ONU doit accélérer la reprise du dialogue intersyrien à Genève pour dégager une issue à la crise en Syrie, qui a fait plus de 300 000 morts et des millions de déplacés en près de six ans, selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. «L'arrêt des pourparlers sur la Syrie à Genève depuis avril dernier est illogique», a estimé le diplomate russe. «Le report des pourparlers entrave le processus de règlement», a-t-il déploré. L'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a reporté la semaine dernière le nouveau round de pourparlers inter-syriens prévus à Genève le 20 février, alors qu'il devait initialement avoir lieu le 8 du mois en cours. Par ailleurs, M. Gatilov a affirmé que «les efforts déployés à Astana (capitale kazakhe) contribueront à renforcer les pourparlers intersyriens à Genève sous l'auspice de l'ONU et conformément à la résolution onusienne N°2254». Après avoir obtenu fin 2016 un cessez-le-feu général en Syrie, la Russie, la Turquie et l'Iran ont organisé, fin janvier à Astana, une rencontre réunissant, pour la première fois depuis le début du conflit syrien, des représentants du gouvernement et de l'«opposition armée». Décisions Les négociations multilatérales d'Astana ont pour objectif principal de trouver un terrain d'entente sur l'après-conflit en Syrie en totale coordination avec les efforts des Nations unies. Outre le gouvernement syrien, elles avaient accueilli notamment 27 des 31 groupes de l'opposition syrienne ayant convenu de former une délégation unique qui a représenté leurs intérêts lors de la rencontre. Les prochains pourparlers politiques sur la Syrie se tiendront sous l'égide des Nations unies «sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, des décisions pertinentes du Groupe international d'appui syrien et sur la base du communiqué de Genève du 30 juin 2012».