Le procès devant un tribunal militaire d'un blogueur égyptien arrêté pour avoir critiqué l'armée, qui a débuté, hier, a été ajourné à dimanche, a indiqué hier un de ses avocats. Ce procès pour « publication de fausses nouvelles sur les forces armées » a été ajourné au 7 mars, a déclaré l'avocate Rawda Ahmed, à l'issue d'une audience à huis clos. La traduction devant la justice militaire d'Ahmed Moustafa, un étudiant de 20 ans, incarcéré jeudi après une convocation du procureur militaire de Kafr El Cheikh (delta du Nil), a suscité de vives protestations de la part d'organisations de défense des droits de l'homme en Egypte et à l'étranger. Il lui est reproché un article posté il y a plus d'un an sur son blog, dans lequel il faisait état d'une affaire de favoritisme dans une école militaire. Le Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme (ANHRI), une organisation basée au Caire, avait exprimé son « extrême indignation » après la première comparution lundi d'Ahmed Moustafa devant le tribunal militaire. « Il semble que le gouvernement égyptien ait décidé de mener la guerre contre les blogueurs, au point d'utiliser les procès militaires », a déclaré l'organisation dans un communiqué. Victime de Moubarak à 20 ans ! Gamal Eid, directeur de l'ANHRI, a souligné qu'il s'agissait du premier procès d'un blogueur par un tribunal militaire en Egypte, même si d'autres ont déjà été condamnés par d'autres tribunaux. Ces critiques ont été reprises par l'organisation Human Rights Watch (HRW), basée à New York. « Le gouvernement ne devrait pas poursuivre M. Moustafa, encore moins devant une cour militaire sans possibilité d'appel », écrit un responsable de HRW pour le Moyen-Orient, Joe Stork, dans un communiqué. Reporters sans frontières (RSF), basé à Paris, dénonce également une « procédure abusive et expéditive ». RSF ajoute dans un communiqué que ce procès constitue « une preuve de plus de l'intolérance des autorités envers les blogueurs qui abordent des sujets sensibles ». L'Etat d'urgence imposé en Egypte depuis l'assassinat du président Anouar El Sadate en 1981 permet la détention illimitée de civils et leur jugement devant un tribunal militaire.