Invité par le café littéraire de Béjaïa, Ali Haroun a animé la semaine dernière une conférence autour de son ouvrage intitulé Algérie 1962 : l'été de la discorde, paru en 2000 aux éditions Le Seuil et réédité en 2005, aux éditions Casbah. Maître Ali Haroun qui fut un membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) et responsable de la Fédération de France a été le témoin privilégié de la discorde qui a marqué l'ultime réunion de l'instance suprême de la résistance algérienne. Le conférencier a relaté les circonstances ayant prévalu lors du conclave du CNRA qui se déroulait, fin mai et début juin 1962, au sein du siège du Sénat de la capitale libyenne Tripoli. La question organique du FLN ainsi que le projet de programme du parti inscrits à l'ordre du jour ont été adoptés sans grand bruit en plénière. Mais quand il s'est agi de désigner les hommes appelés à composer le bureau politique du FLN, les choses se sont corsées. « Une commission dirigée par Benyahia qui a mené un sondage auprès des 52 membres de la plénière a échoué dans sa tentative de ficeler la liste des candidats appelés à siéger au sein du bureau politique qui sera soumise au plébiscite », relate le conférencier. « Benbella, vice-président du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA) a proféré des propos déplacés à l'égard de Benkheda qui était le président de cette instance suprême. La séance fut suspendue et elle l'est jusqu'à aujourd'hui », regrette Ali Haroun. Et d'ajouter : « La direction du FLN n'a pas pris une décision définitive. Déçus de la tournure des événements, certains ministres du GPRA ont quitté Tripoli pendant que d'autres y sont restés. » Le 22 juillet, Benbella et son groupe se retrouvent à Tlemcen. Et ce dernier de s'autoproclamer : « Nous sommes le bureau politique, puisque les autres sont partis. » Un autre groupe s'est constitué : Krim Belkacem, Boudiaf et Oulhadj. Fort de quelque 30 000 hommes que comptait l'armée des frontières, le groupe de Benbella prend le pouvoir après une guerre fratricide qui a duré 15 jours. La guerre entre frères cesse le 6 septembre. Le duo Benbella-Boumediène obtient le soutien d'une partie de la classe politique dont Ferhat Abbès qui préside l'Assemblée constituante installée le 26 septembre 1962.