C'est aujourd'hui, à Barcelone, que le Jordanien Ahmed Massadeh sera installé dans ses fonctions de premier secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UPM), un forum créé en 2008 à l'initiative de la France. Celui-ci a été nommé formellement à ce poste le 26 janvier dernier. Pour être valide, la candidature de M. Massadeh a dû être formellement entérinée par les 43 pays participant à l'UPM. Autant dire qu'il n'y aura pas foule à cette cérémonie d'installation puisque seuls les ministres des Affaires étrangères, espagnol, français, égyptien et jordanien, y participeront. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, devrait également être de la partie. La désignation d'un SG ne veut pas dire cependant que tous les problèmes de l'UPM sont réglés. Au contraire, ils restent entiers. De nombreux spécialistes de la région soutiennent mordicus que cette organisation continuera à être bloquée tant que le conflit israélo-palestinien ne connaîtra pas une solution équitable. Depuis l'agression militaire israélienne contre Ghaza, fin 2008, l'UPM s'est, rappelle-t-on, enlisée dans des batailles diplomatiques sans fin. Le refus par la suite d'Israël de s'engager dans un véritable processus de paix au Proche-Orient avait par ailleurs fini par convaincre les gouvernements des pays de la rive sud de la Méditerranée de l'inutilité de siéger au sein de l'UPM. Une réunion prévue en novembre 2009 avait d'ailleurs même été repoussée sine die en raison du refus du ministre égyptien, Ahmed Aboul Gheit, de rencontrer son homologue israélien, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman. Ce n'est pas tout. En plus d'être confrontés à de nombreux autres problèmes politiques, les promoteurs de l'UPM éprouvent à l'heure actuelle toutes les peines du monde à mobiliser les financements nécessaires pour donner un nouveau souffle à la coopération euro-méditerranéenne et concrétiser la masse de projets qu'ils ambitionnent de mettre en chantier dans divers domaines (environnement, transports, énergie, culture, éducation...). A ce propos justement, plusieurs pays membres de l'Union européenne (UE) soutiennent que ce n'était pas une bonne idée de lancer une initiative aussi coûteuse et budgétivore (l'UPM, ndlr) dans une conjoncture marquée par la crise financière internationale. Préoccupés par des questions beaucoup plus urgentes, certains pays de l'Est ayant adhéré ces dernières années à l'UE éprouvent de l'indifférence à l'égard du projet de Nicolas Sarkozy. Cela pour ne pas dire qu'ils s'y opposent carrément. Le raisonnement vaut aussi pour beaucoup de pays du Sud. Aujourd'hui, à part certains pays comme l'Egypte, la Jordanie ou même la Syrie qui y voient dans l'UPM un excellent moyen pour rebondir et engranger des points au plan diplomatique, les pays du Sud ne croient pas vraiment à la pertinence de ce nouveau cadre d'échanges censé remplacer le processus de Barcelone. Au Maghreb, le signal est d'ailleurs très clair : tout le monde préfère travailler dans le cadre informel mais productif des 5+5. Et c'est dans ce climat, à la fois empreint d'hypocrisie générale et d'échec annoncé, que Ahmed Massadeh aura à préparer le deuxième sommet de l'UPM, prévu en juin à Barcelone, ville qui abrite le siège de l'UPM. Mais avant, il devra tenter d'abord de convaincre ses interlocuteurs que l'UPM n'est pas une coquille vide. Autant dire que ça ne sera pas pour lui une mince affaire tant tout le monde est déjà persuadé du contraire.