Le sulfureux investisseur, passé de vendeur de fruits et légumes à patron qui trône sur un groupe qui va du transport à l'automobile en passant par la communication, sort de l'ombre et remet au grand jour le débat sur la réputation, peu enviable, d'une partie des entrepreneurs algériens. Alors que la filiale TMC (Tahkout Manufacturing Company) a entamé le «montage» des véhicules de marque Hyundai depuis au moins 4 mois, les images diffusées sur les réseaux sociaux ont enfin fait réagir le gouvernement. Le ministre de l'Industrie a annoncé, hier lors d'une sortie à Alger, que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, allait dépêcher «une commission mixte, comprenant l'Inspection général des finances, l'Inspection générale des douanes et l'Inspection générale de l'industrie ainsi que les représentants de l'Etablissement national de contrôle technique automobile (Enacta), qui vont se déplacer ces jours-ci sur le site (de l'usine), et on verra ce qu'il y a lieu de faire». Prudent, le ministre, qui, en principe, ne doit rien ignorer de la réalité des faits, a relevé que «TMC a signé un engagement et un cahier des charges, et la première inspection a donné un résultat positif». L'homme d'affaires, qui a improvisé, hier et dans l'urgence, une visite sur le site avec un groupe de journalistes (voir l'article de A. Fawzi, ci-dessous) dit ne «rien craindre» et qu'il «n'a rien à cacher». La décision du Premier ministre est intervenue suite à la diffusion d'images qui n'ont fait qu'en rajouter une couche à une réputation déjà écornée de l'homme d'affaires. Mahieddine Tahkout suscite, en effet, de la controverse depuis l'apparition, sur la voie publique, des bus de transport universitaire qui assurent désormais le transport des étudiants dans la majorité des universités du pays. Et comme cela ne suffisait pas, la société de Mahieddine Tahkout s'est adjugé une partie du très convoité transport urbain dans la capitale. En pleine crise financière, sa société loue des bus à l'Entreprise publique des transports urbains et suburbains d'Alger (Etusa), qui n'arrive plus à assurer, à elle seule, le transport par bus dans la capitale. Plus problématique encore, la signature, dans la célérité, des accords de financement entre TMC et certaines banques, essentiellement publiques, a fini par semer le doute sur des facilitations, voire des appuis que l'investisseur aurait pu avoir. Sur la défensive, Mahieddine Tahkout, seul concessionnaire multimarque installé sur la place, met ces accusations sur le compte de «jalousies» et de «coups» que les concurrents lui porteraient. Il dit, dans un entretien à El Watan, que «cela ne le dérange pas» et qu'il «continue à investir». Pour cela, il énumère les projets qu'il compte réaliser. L'affaire n'est donc pas close !