La réalisation des gazoducs dirigés vers l'Espagne et l'Italie, la construction des complexes GNL de Skikda et Arzew et l'acquisition de nouveaux méthaniers sont les plus menacés par le manque à gagner en production auquel est venu s'ajouter un effondrement des prix des hydrocarbures conséquent à une surproduction mondiale. Les 70 à 80 milliards de dollars que le Groupe pétrolier algérien compte investir durant cette période étant essentiellement destinés à l'aval pétrolier et gaziers (construction de gazoducs, acquisition de gros méthaniers, réalisation d'usines de liquéfaction de gaz naturel, construction de nouvelles raffineries etc.), il y a fort à craindre que l'amont (découvertes et exploitation de nouveaux gisements) ne soit pas à la hauteur des demandes croissantes en provenance de l'étranger et de l'Algérie où on consomme plus du tiers de l'énergie fossile produite. Toutes les quantités d'hydrocarbures supplémentaires générées par les récents investissements ont déjà trouvé preneurs mais la crainte est d'assister, à plus ou moins brève échéance, à une saturation de la production par rapport aux commandes additionnelles endossées et aux gros investissements qui avaient été lancés dans l'euphorie de la hausse des prix du pétrole. Un observatoire français s'est déjà officiellement plaint de commandes non honorées par Sonatrach au début de l'année en cours.
Le lobby américain Le gaz naturel, transporté au moyen de gazoducs et ou de méthaniers verra son volume augmenter sensiblement, pour atteindre 85 milliards de mètres cubes dans les toutes prochaines années, selon les prévisions de la compagnie pétrolière algérienne qui ne pourra malgré ce bon quantitatif appréciable pas atteindre le volume des commandes engagées. Ce volume sur lequel a tablé Sonatrach sans avoir la certitude de l'atteindre, serait déjà totalement vendu mais il resterait encore de nombreux clients à satisfaire. Ce à quoi le groupe s'est attaché en investissant massivement dans de nouveaux projets. En effet, tout en augmentant les quantités de gaz naturel à livrer à l'Europe à travers les 4 gazoducs en service à l'horizon 2020, la compagnie pétrolière algérienne, compte également promouvoir l'industrie du gaz naturel liquéfié, avec à la clé, la construction de deux complexes GNL à Skikda et Arzew devant porter la capacité globale de production supplémentaire du groupe à 40 milliards de m3 par an à l'échéance sus indiquée. Il est par ailleurs question d'acquérir cinq gros méthaniers pour desservir des contrées lointaines d'Asie et d'Amérique fortement demandeuses en gaz naturel liquéfie. Les grosses quantités de gaz supplémentaires escomptées sont en grande partie destinées à l'exportation grâce au surcroît de capacités de transport développées par Sonatrach (gazoducs et méthaniers) devant dépasser, une fois mises en services, 420 millions de tonnes équivalent pétrole (tep). Des objectifs que ne corrobore malheureusement pas l'état actuel des réserves disponibles, estimées à, à peine, 140 milliards de barils équivalent pétrole (Bep). Les objectifs d'exportations ont-ils pris en compte la consommation intérieure de gaz naturel que la Commission de Régulation de l'électricité et du Gaz (CREG) estime à plus de 40 milliards de m3 par an? Rien n'est moins sûr même si la promotion des énergies renouvelables préconisée par les plus hautes autorités du pays laisse espérer un intérêt plus grand pour cette énergie de substitution. Se pose toutefois la question de la rentabilité des nouveaux investissements programmés et, notamment, celle relative aux équipements de transport (gazoducs et méthaniers) acquis à grands frais sans qu'ils n'aient la garantie d'une utilisation optimale. Les quantités de gaz à transporter ne sont en effet pas suffisantes pour rentabiliser ces méthaniers très coûteux. Pour que Sonatrach puisse tenir ses engagements commerciaux, notamment, avec ses clients étrangers avec lesquels de gros contrats ont déjà été signés, mais également, avec ses partenaires locaux en pleine phase d'investissement pour augmenter leurs capacités de raffinage, développer la pétrochimie et satisfaire des besoins énergétiques croissants de la population, il est à espérer que ce groupe fasse un effort gigantesque à l'amont du secteur pour découvrir de nouveaux gisements et accélérer l'entrée en production de ceux qui ont déjà été mis en évidence. Ce n'est qu'à ces conditions que Sonatrach pourra tenir les ambitieux engagements économiques et commerciaux qu'il s'est fixé dans un évident excès d'optimisme. A défaut il sera contraint de se tourner plus résolument vers l'exploitation de gaz de schistes avec toutes les conséquences que la compagnie pourrait subir en termes de rentabilité aujourd'hui que les prix sont au plus bas. Cette option n'est en tout cas pas à exclure au regard des quantités importantes de gaz de schiste disponibles dans le sous sol saharien (3é réserve mondiale) que Sonatrach pourrait être tentée d'exploiter pour satisfaire ne serait-ce que les clients liés par des contrats fermes. Du coté de certains partis politiques opposés à l'exploitation de gaz de schistes on susurre même que l'ex Ministre de l'Energie Chakib Khélil connu pour ses accointances avec les milieux texans, serait en mission commandée par les américains pour précisément mettre à leur service les immenses réserves algériennes de gaz de schistes. Les tout récents changements effectués à la tête du groupe Sonatrach et de l'agence nationale de l'énergie viseraient, selon ces mêmes sources, à placer les hommes qui en seront expressément chargés.