L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International (AI), dans une lettre adressée hier à la présidence espagnole de l'Union européenne (UE), « demande instamment » qu'une question précise sur les droits humains, notamment des Sahraouis, soit inscrite à l'ordre du jour du premier sommet UE-Maroc, prévu à Grenade le 7 mars. « L'organisation souhaite que les dirigeants de l'UE abordent, lors de ce sommet, la question de l'intolérance croissante vis-à-vis des défenseurs des droits humains, notamment sahraouis, qui s'expriment en faveur de l'autodétermination du Sahara occidental », a-t-elle écrit dans un communiqué publié à Bruxelles. « L'UE a une réelle occasion de placer les droits humains au cœur de ses relations avec le Maroc. Pour ce faire, elle doit débattre de la situation au Sahara occidental lors du sommet de Grenade. Les autorités marocaines mènent une politique de plus en plus répressive envers les Sahraouis et leur droit d'exprimer leurs opinions et aucun représentant de l'UE ne saurait le tolérer », a déclaré Nicolas Berger, directeur du Bureau européen d'Amnesty International. L'organisation souligne que « les médias indépendants font eux aussi les frais de l'approche de plus en plus répressive des autorités marocaines face à ceux qui sont considérés comme des détracteurs de la monarchie ». Initiative parlementaire Amnesty International est tout « particulièrement préoccupée » par la détention du journaliste Idriss Chahtane, incarcéré à la prison civile de Salé depuis le 15 octobre 2009 après avoir publié dans l'édition de septembre d'Almichaal un article sur la santé du roi Mohamed VI. Amnesty International exhorte, par conséquent, l'UE « à demander au gouvernement marocain de libérer immédiatement et sans condition Idriss Chahtane et les six défenseurs des droits humains sahraouis, Ahmed Alnasiri, Brahim Dahane, Yahdih Ettarouzi, Saleh Labihi, Rachid Sghir et Ali Salem Tamek ». De son côté, l'Intergroupe « Paix pour le peuple sahraoui » du Parlement européen (PE) a lancé, hier à Bruxelles, un appel aux autorités européennes pour qu'elles demandent au gouvernement marocain de mettre notamment fin à la répression au Sahara occidental. Dans un communiqué, les eurodéputés demandent également à l'UE de convaincre le gouvernement marocain, que celle-ci s'apprête à rencontrer le 7 mars lors d'un sommet à Grenade (Espagne), « d'accepter, comme gage de bonne volonté, de libérer immédiatement les défenseurs des droits de l'homme ainsi que tous les détenus politiques ». Ils rappellent que « le respect du droit à la libre expression, d'association, et de la liberté de mouvement pour les Sahraouis a toujours été une demande insistante de l'Union européenne auprès du Maroc ». Créé au terme du 35e Eucoco qui s'était tenu à Barcelone pour défendre la cause des Sahraouis et de la légalité internationale, l'Intergroupe réunit déjà au moins 70 eurodéputés représentants tous les groupes politiques qui composent le PE.