Dans son « Rapport sur l'épidémie mondiale de tabagisme », publié mercredi, l'OMS estime que plus de 94% de la population mondiale n'est pas protégée par des lois antitabac, donc exposée à la première cause évitable de décès. Chaque année, le tabagisme passif est responsable de quelque 600 000 décès prématurés et de nombreuses maladies invalidantes et chiffre son coût à des dizaines de milliards de dollars. Certains progrès sont néanmoins mis en avant. Ainsi, 154 millions de personnes supplémentaires sont désormais protégées par des lois locales. Selon le rapport de l'OMS sur l'épidémie mondiale de tabagisme de 2009, qui contient aussi d'autres données, en 2008 sept pays, à savoir la Colombie, Djibouti, le Guatemala, L'île Maurice, le Panama, la Turquie et la Zambie, ont mis en œuvre des lois interdisant totalement de fumer et actuellement, ces pays sont au nombre de 17. « Seulement 5,4% de la population mondiale est couverte par des lois antitabac », signale l'OMS. « Il n'y a pas de niveau sécuritaire d'exposition au tabagisme passif. Par conséquent, il faut agir sur les lois pour protéger les populations », indique le Dr Alwan, sous-directeur général pour les maladies non transmissibles et de santé mentale de l'OMS. C'est l'objet de l'article 8 de la convention-cadre pour la lutte antitabac, qui, depuis sa mise en place, en 2005, a été ratifiée par 170 pays : « Les parties reconnaissent qu'il est clairement établi, sur des bases scientifiques, que l'exposition à la fumée du tabac entraîne la maladie, l'incapacité et la mort. Chaque partie adopte et applique, dans le domaine relevant de la compétence de l'Etat en vertu de la législation nationale et encourage activement, dans les domaines où une autre compétence s'exerce, l'adoption et l'application des mesures législatives, exécutives, administratives et/ou autres mesures efficaces prévoyant une protection contre l'exposition à la fumée du tabac dans les lieux de travail intérieurs, les transports publics, les lieux publics intérieurs et, le cas échéant, d'autres lieux publics. » Le rapport rend également compte des efforts déployés par les pays pour mettre en œuvre les mesures du programme de lutte antitabac Mpower, que l'OMS a instauré en 2008, pour aider les pays à appliquer quelques unes des mesures relatives à la réduction de la demande de tabac figurant dans la convention-cadre et les lignes directrices qui s'y rapportent. Ces mesures sont les suivantes : surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention, protéger la population contre la fumée du tabac, offrir une aide à ceux qui veulent renoncer au tabac, mettre en garde contre les dangers du tabagisme, faire respecter l'interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage et augmenter les taxes sur le tabac. Selon le rapport, moins de 10% de la population mondiale est concernée par l'une de ces mesures. Le rapport qui suit l'évolution de l'épidémie mondiale de tabagisme, permet aux pouvoirs publics et à d'autres parties prenantes de savoir où les interventions factuelles de réduction de la demande ont été mises en œuvre et où il faut progresser davantage. Il fournit, pour chaque pays, des chiffres sur la prévalence du tabagisme et des données sur la taxation des cigarettes, l'interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage, l'aide au traitement de la dépendance à l'égard du tabac, l'application des lois antitabac et le suivi de l'épidémie. Selon le Dr Douglas Bettcher, directeur de l'initiative de l'OMS pour un monde sans tabac, « lentement mais sûrement, l'OMS et ses Etats membres progressent dans la lutte contre l'épidémie de tabagisme ». « Des mesures, en faveur d'une interdiction totale de fumer, aideront les pays à faire baisser le nombre d'infarctus du myocarde, d'accidents vasculaires cérébraux, de cancers et d'autres maladies non transmissibles », a-t-il ajouté.