Les pouvoirs publics sont en passe de donner les moyens à la Compagnie nationale de transport maritime (CNAN) pour lui permettre de se repositionner sur le marché international et reconquérir sa place perdue ces dernières années. Au programme, 26 navires à commander. Le dernier conseil interministériel, qui a examiné le dossier, est attendu pour se prononcer définitivement, lors de sa prochaine réunion, sur ce programme de renouvellement du pavillon national. « Il y a une prise de conscience aujourd'hui. Ces navires vont être acquis dans le cadre du nouveau plan de relance économique 2010/2014 », a annoncé le directeur général de la CNAN MED, jeudi, à l'occasion d'une rencontre avec les opérateurs économiques et autres professionnels à Béjaïa. Beaucoup notent que cette volonté de redéploiement vient à contre-courant du déclin observé dans le monde par le secteur maritime, et dont les effets de la crise qui l'a secoué au deuxième semestre 2008 ne sont pas encore dissipés. « Effectivement, beaucoup de navires dans le monde sont partis en démolition. Mais la crise a touché les armements qui font dans le transport de conteneurs et dans les cargaisons homogènes. Elle n'a pas été aussi violente concernant les transporteurs de ligne. Cette crise n'a pas touché l'Algérie parce qu'à la fin 2008 et courant 2009, les importations ont augmenté du fait qu'on était dans un programme d'investissement », explique le DG de CNAN MED. Ce n'est pas la première fois, faut-il noter, que la CNAN fait l'objet d'un plan de redéploiement. Ceux qui ont précédé cet ultime programme annoncé par le DG de CNAN MED ont eu un goût d'inachevé. Il faut dire que cette compagnie a été secouée aussi par des vagues de désinvestissement, et ce, depuis le premier programme d'investissement datant des années 1970. L'essentiel de sa flotte a été acquise, d'ailleurs, entre 1977 et 1979 à la faveur du deuxième plan quinquennal avant que le Conseil des participations de l'Etat (CPE) ne décide, en 2003, d'un plan de restructuration. La prise de conscience que l'on souligne aujourd'hui est motivée par la perte d'une part de marché conséquente et le manque à gagner est également important en termes de surestaries payées au profit des transporteurs étrangers. « Le port de Béjaïa, à titre indicatif, a transporté 25 millions de tonnes de marchandises solides en 2009 (95% par des capacités étrangères). Le volume des surestaries payées par l'Algérie en 2009 est donc important, d'où la nécessité de développer le pavillon national », soutient de son côté M. Moussaoui, DG du port de Béjaïa. Ce responsable a fait savoir que les ports algériens viennent d'être destinataires d'une instruction du ministère de tutelle pour se doter en moyens de débarquement. Et d'ici 2013, les 12 quais du port de Béjaïa auront chacun sa propre grue automotrice.