A six matches de la fin (33e journée), ce choc planétaire ressemble à une finale pour le titre national entre l'équipe entraînée par Zinédine Zidane (1er, 75 pts, un match de moins) et celle de Luis Enrique (2e, 72 pts), qui vit son ultime Real-Barça sur le banc blaugrana. Eliminé mercredi de la Ligue des champions par la Juventus Turin (0-3, 0-0), le club catalan risque de tout perdre l'espace d'une semaine : tout autre résultat qu'une victoire au stade Santiago-Bernabeu permettrait au Real de s'envoler vers le sacre, qui serait son premier depuis 2012. «C'est notre dernière chance», a prévenu le capitaine barcelonais Andres Iniesta, qui refuse néanmoins de s'avouer vaincu. «Le Real ne dépend que de lui-même, mais les clasicos sont toujours des matches à part», ajoute-t-il. D'expérience, Iniesta sait que cette rivalité séculaire est toujours hors norme. Et l'attente est immense avant la 234e édition de ce duel, qui pourrait attirer quelque 650 millions de téléspectateurs, davantage que pour tout autre match de clubs. Quant à l'issue de la partie, bien malin qui pourrait définir un favori, même si l'ogre madrilène arrive en trombe, bien décidé à croquer son dauphin barcelonais… dangereux comme une bête blessée.
Le meilleur des stimulants «Vu ce que transmet dernièrement le groupe, on a envie de surfer sur ça, d'être positifs à fond», a lancé hier Zidane, dont l'équipe s'est qualifiée pour les demi-finales de C1 mardi aux dépens du Bayern Munich (2-1, 4-2 ap). Mais attention : avant autant de talents sur le terrain, la dynamique du moment est secondaire. Demandez au Barça qui avait enchaîné 39 matches officiels sans perdre avant de chuter en avril 2016 face au Real (2-1). Depuis, l'équipe de Zidane a fait mieux avec 40 matches consécutifs sans défaite entre avril 2016 et janvier 2017, nouveau record d'Espagne. Et «ZZ», invaincu dans le clasico comme entraîneur (1 victoire, 1 nul), reste sur une autre série incroyable : 55 rencontres d'affilée avec au moins un but marqué ! De quoi menacer la défense brinquebalante du Barça, même si Luis Enrique promet un sursaut d'orgueil après l'échec contre la Juve. «Se relever après une telle élimination est difficile, mais nous avons le meilleur des stimulants : rendre visite à notre éternel rival», a prévenu le technicien, applaudi au Bernabeu en tant que joueur du Real (1991-1996) avant d'y être conspué comme un traître en passant à l'ennemi (1996-2004). Pas décisif Sur le départ du club blaugrana en juin prochain, Luis Enrique espère gagner une troisième Liga d'affilée pour sauver sa fin de mandat, car la finale de Coupe du roi fin mai contre Alaves n'y suffira sans doute pas. En gagnant aujourd'hui, son Barça repasserait devant à la différence de buts particulière et le Real, qui garde un match en retard à Vigo en mai, se retrouverait sous pression. A l'inverse, un nul ou une défaite blaugrana sonnerait comme une passation de pouvoir entre Barcelone et le Real, même si Zidane a assuré hier que ce ne serait «pas décisif». Entre Ronaldo et Messi aussi, la suprématie est en jeu : le Portugais, quadruple Ballon d'or, rêve de rejoindre l'Argentin et ses 5 trophées. Cela passe par une grande performance ce soir, sachant que les deux attaquants sont chacun proches d'un jalon historique : «CR7» n'est qu'à cinq longueurs des 400 buts sous le maillot du Real, tandis que «La Puce» a besoin d'un doublé pour atteindre les 500 avec le Barça. Pour épauler les deux superstars, l'ailier madrilène Gareth Bale est rétabli d'un problème à un mollet, selon Zidane. A l'inverse, l'attaquant barcelonais Neymar, suspendu, devrait en principe manquer à l'appel, à moins d'obtenir une improbable mesure suspensive de dernière minute…