Amnesty International (AI) a rendu publiques hier ses recommandations visant à améliorer la situation des droits humains. Cette ONG internationale interpelle ainsi les autorités algériennes sur plusieurs points relatifs, notamment à la liberté d'expression, de réunion et de culte à la veille de la 27e session du mécanisme d'examen par les pairs du Conseil des droits de l'homme, à laquelle prendra part aujourd'hui une délégation algérienne conduite par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. D'emblée, Amnesty International demande «la libération de toutes les personnes détenues pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion». Une mesure qui, souhaite cette ONG internationale, doit être appuyée par la modification de la législation, laquelle «érige en infraction pénale les droits à la liberté d'expression et de réunion pacifiques, notamment l'article 97 du code pénal qui interdit tout ‘‘attroupement non armé'', l'article 144 qui punit ‘‘l'outrage envers des agents de l'Etat'', l'article 144 bis 2 qui punit ‘‘quiconque offense le Prophète'' et ‘‘dénigre le dogme ou les préceptes de l'islam'' et l'article 146 sur la ‘‘diffamation envers les institutions publiques''». Aussi, AI appelle à la levée des restrictions indûment imposées à la presse écrite et aux chaînes de télévision et stations de radio privées en modifiant la loi relative à l'information et celle concernant l'activité audiovisuelle. Cette ONG basée à Londres réclame également l'abrogation de la loi n°12-06 relative aux associations et l'élaboration d'une nouvelle loi organique sur les associations, selon les standards internationaux relatifs aux droits humains. AI demande également la modification des dispositions des codes pénal et de la famille qui établissent une discrimination liée au genre, et abroger les articles 326, 338 et 339 du code pénal. Une revendication des associations algériennes de défense des droits des femmes. Elle réclame aussi la fin de l'impunité pour les atteintes passées aux droits humains «en abrogeant les dispositions de l'ordonnance n°06-01 de 2006 qui exemptent de poursuites les membres des forces de sécurité et des groupes terroristes». En matière de lutte contre le terrorisme, Amnesty International appelle à modifier le code de procédure pénale afin de le mettre en conformité avec le droit international et les normes relatives à l'administration de la justice et à la protection des détenus. AI suggère aux autorités algériennes de renforcer l'arsenal juridique pour une meilleure protection des migrants et des réfugiés «contre les violences sans distinction liées à leur statut migratoire et de traduire en justice les responsables de tels agissements». Amnesty International veut que l'Algérie transpose dans la législation nationale les dispositions de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de son Protocole facultatif de 1967, ainsi que d'autres normes du droit international concernant les personnes qui ont besoin d'une protection internationale et d'accorder une protection aux réfugiés reconnus comme tels par le HCR. Elle appelle encore à l'abolition de la peine de mort et à «la ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, signée le 6 février 2007, sans émettre aucune réserve».