Mais l'évolution rapide que connaît le monde des technologies ne permet pas aux entreprises de continuer à tourner le dos au changement. Les experts sont d'ailleurs unanimes à ce sujet : «Les PME n'ont pas d'autre choix que de se mettre sur cette voie pour s'adapter aux changements technologiques, améliorer leur mode de gestion et leurs relations avec le monde extérieur.» Les spécialistes en transformation digitale ne manqueront pas d'ailleurs de souligner la faisabilité de ce changement, notamment avec la baisse des coûts des technologies. «La digitalisation est réalisable, viable et abordable. Plus on avance dans le temps, plus les technologies sont accessibles», ont résumé les participants au Digital Business Days organisés la semaine dernière à Alger à l'initiative du magazine Ntic spécialisé dans les nouvelles technologies. Une rencontre, la première du genre, qui a regroupé, l'espace d'une journée, experts et professionnels des TIC dans l'objectif de contribuer à l'émergence d'un écosystème digital algérien dynamique et de vulgariser les TIC au sein de l'entreprise. Et, justement, ce ne sont pas les offres qui manquent à ce sujet avec l'évolution continue dans le monde des TIC. Mais la demande n'est pas clairement exprimée. Elles sont en effet très peu nombreuses les PME algériennes à vouloir s'inscrire dans cette démarche novatrice. Transition en attente «La vulgarisation est importante justement pour attirer les dirigeants d'entreprises vers ce changement», nous dira à ce sujet Sofiane Demri, responsable technique chez CM Consulting, un cabinet de conseil en management et TIC. «Les pouvoirs publics devraient jouer leur rôle de sensibilisation dans ce domaine», ajoutera-t-il. En d'autres termes, il y a lieu de travailler pour assurer cette transition vers le tout digital. «Il faudrait assurer le suivi de ce changement», relèvera pour sa part Achard Jean Luc, expert en transformation digitale. «La route vers la digitalisation nécessite un suivi et une évolution continus pour s'adapter au progrès», a-t-il expliqué. Une évolution qui s'est faite de manière rapide ailleurs, où de plus en plus d'entreprises ont franchi le pas de la digitalisation, alors qu'en Algérie leur nombre est insignifiant. Les responsables de CM Consulting le disent clairement tout en restant optimistes : «L'environnement est favorable pour le passage au digital», rappellent-ils. Exemples Parmi celles qui ont digitalisé leur fonctionnement, on note l'IMPSA, un fournisseur de médicaments qui a ouvert son système à plus de 1000 pharmaciens qui font leurs commandes directement sans passer par des intermédiaires. Ce qui évite les ruptures de stock. Il y a également une autre clinique privée à Tizi Ouzou qui a opéré cette transition avec succès. D'autres opérateurs économiques dans le secteur de l'agroalimentaire ont également opté pour ces solutions (logiciel ERP qui unifie le système d'information d'une entreprise en intégrant les différentes composantes fonctionnelles autour d'une base de données unique), a-t-on appris du côté de CM Consulting, selon lesquels l'expérience gagnerait à être généralisée vu les avantages qu'elle présente en matière de croissance et de rentabilité et les assurances qu'elle offre en termes de sécurité des données, selon les experts qui plaident pour la mise en place d'une stratégie de gestion des systèmes d'information (stratégie IT) et le remplacement des systèmes caducs. «Il ne s'agit pas de gérer un parc informatique, mais l'entreprise a besoin d'avoir un responsable qui comprenne l'innovation et qui applique une stratégie afin d'optimiser la productivité», expliquera Zine Seghir, fondateur d'ISSAL, le premier ISP spécialisé dans la fourniture de services cloud dans la région du Maghreb. Transparence, innovation… Un avis partagé par Ali Kahlane, expert en TIC, qui est revenu tout au long de son intervention sur l'évolution des directions des systèmes d'information en Algérie (DSI) et sur la nécessité de prendre le chemin de l'innovation pour pouvoir se maintenir. «Toutes les grandes entreprises internationales sont dans le numérique. Il faut s'adapter à cette nouvelle façon de voir les DSI au risque de disparaître», mettra-t-il en garde. Pour sa part, Karim Cherfaoui, directeur général de la société Divona spécialisée dans la fourniture de services et réseaux de communication via satellite, résumera la stratégie IT en quatre points : transparence, agilité, sécurité et innovation. «C'est autour de ces thèmes que se font les stratégies IT», notera-t-il avant de poursuivre : «Donner les moyens à l'entreprise pour s'adapter continuellement et créer un lien virtuel pour la performance de l'entreprise au-delà de la partie équipements et solutions. Il s'agit surtout de créer un système collaboratif au sein de l'entreprise aussi bien en interne qu'en externe». Toute cette boucle pour assurer une bonne gouvernance d'entreprise et s'orienter vers une stratégie client. Or, pour l'ensemble de ces points, le retard est criant. Ces nouvelles mutations sont encore négligées par beaucoup d'entreprises, au moment où l'on parle de plus en plus de la nécessité de passer vers une économie fondée sur la connaissance.