Beihdja Rahal, la diva de la chanson andalouse algérienne, qui s'est produite à Bouira à l'occasion de la journée de la femme, a accepté de nous livrer ses impressions, elle pour qui le combat pour que la femme soit reconnue à sa juste valeur est toujours d'actualité. Interview. Vous vous êtes produite un 8 mars ; quelle était votre impression au moment où vous étiez face à un public entièrement féminin ? D'abord, je tiens à préciser que c'est la première fois que je me suis produite à Bouira et c'est la première aussi fois que j'ai animé un spectacle en cette date du 8 mars en Algérie. Certes, j'ai déjà animé des concerts, notamment en Europe, mais la situation se présentait tout à fait différemment, puisque généralement, en Europe, la Journée de la femme est une occasion où l'on parle plutôt de la condition féminine, de son travail, de ses capacités à être l'égale de l'homme, si ce n'est de la complémentarité entre les deux sexes. Peut-être qu'en Algérie, c'est un peu différent, mais une chose est sûre, le 8 mars symbolise la liberté dont les femmes doivent jouir. C'est pour cela que j'étais très contente d'être ici en cette date. Ce qui m'a permis de voir comment ça se passe ici chez nous. En fait, ça a tout d'une vraie fête où j'ai été surprise de voir un assez grand nombre de femmes présentes et qui participaient à l'ambiance de cette prestation… Pour tout dire, je suis agréablement surprise et émue. Vous êtes actuellement en tournée à travers plusieurs wilayas du pays… Effectivement, mais il faut bien préciser que je suis tout le temps disponible à aller partout et dans toutes les régions du pays. Passez moi l'invitation et je répondrai présente. Je crois que la chanson, notamment classique, n'est pas seulement l'apanage des seules grandes villes comme Alger. Pour ce qui est de la tournée, elle est encadrée par l'ONCI à l'occasion de la sortie de mon dernier album (Nouba Ghrib, ndlr), j'ai commencé par Alger le 4 mars, le 7 j'étais à Djelfa, puis à Bouira et le 10 ( aujourd'hui) je serai à Biskra. Il faut dire que c'est là une occasion pour moi de découvrir d'autres villes, puisque le public se trouve partout en Algérie. Certes, on dit que la musique andalouse est concentrée à Alger, mais des fans, il y en a partout, parce que rien que par les mails que je reçois, je déduis qu'il y a partout des gens qui l'apprécient et c'est l'occasion de leur faire découvrir encore plus cette musique. En tant que femme artiste, quelle appréciation faites-vous de la condition féminine ? D'abord, en tant que femme et puis en tant que femme artiste, je crois qu'il n'est pas encore évident de voir des femmes estimées à leur juste valeur dans notre pays. Je suis moi-même chef d'orchestre, et je sais qu'il y a encore beaucoup de choses à faire. Car, il faut le dire, on n'est pas encore vraiment acceptées en tant que femme chef dans des orchestres constitués dans leur majorité d'hommes. Je dirais que le chemin est encore long… Un mot sur votre dernier album, la Nouba Ghrib… Cet album est actuellement disponible. C'est le numéro 19 de mon répertoire. Je me plais toujours à donner des numéros à mes albums, comme cela se fait dans la presse, cela permet de savoir que les noubas sont écoutées. Elles suivent un cheminement… car, il y a quelque temps, les éditeurs disaient que les albums de musique classique ne passaient pas vraiment auprès des auditeurs et qu'ils sont de moins en moins appréciés, alors que c'est tout à fait faux. La preuve est que, si j'en suis à mon 19e album, un répertoire constitué exclusivement de noubas, c'est que ça marche et que les éditeurs et le public en demandent. Je dirais que la musique classique a encore de beaux jours devant elle.