L'Algérie vient de mettre en place un programme de désendettement externe, un remboursement de la dette par anticipation, pour un montant de 2 milliards d'euros, selon une source proche du milieu bancaire. Cet instrument de gestion active de la dette devra permettre au pays de faire baisser le niveau de sa dette extérieure. L'opération aurait déjà été mise en œuvre avec un des créanciers de l'Algérie, la Banque africaine de développement (BAD), pour un montant qui avoisinerait les 700 millions de dollars. Seulement, le mécanisme de remboursement par anticipation n'est pas du tout une procédure gratuite. Selon un expert financier, cette procédure a aussi un coût. L'Algérie, dont la situation financière permet aujourd'hui, avec un niveau de réserves de changes de 34 milliards de dollars au premier semestre 2004, d'anticiper le remboursement d'une partie de sa dette extérieure avant l'échéance fixée par les accords du Club de Paris, devra en effet transformer la dette externe en dette interne. Une façon déjà de se débarrasser de ce qu'on appelle les mauvaises dettes que l'Algérie a dû contracter dans des conditions pour ainsi dire défavorables et qui sont remboursées à des taux d'intérêt se situant au-delà de 6%, selon les déclarations du ministre des Finances, l'année dernière. Autrement dit, la procédure en question qui vise à se débarrasser d'un montant de 2 milliards d'euros consiste à ramener le niveau de la dette externe qui était de 22 milliards de dollars à fin 2003 à un niveau acceptable. La Banque d'Algérie devra donc faire une avance au gouvernement afin de régler le montant du remboursement dont il s'agit, et ainsi la dette externe se transformera en dette interne. Reconversion de 200 millions d'euros Le remboursement par anticipation qui devra être financé à partir des réserves de changes va cependant augmenter la dette interne. Celle-ci était de 9000 milliards de dinars à la fin de l'année écoulée, soit 18% du PIB. Evoquant la dette publique interne, M. Benachenhou avait déclaré en 2003 : « Nous avons une dette très chère. » Cette opération, qu'a mise en branle le gouvernement depuis quelques mois, selon les déclarations du ministre, est susceptible de faire baisser le niveau de la dette à un niveau qui serait de 15 milliards de dollars. De quoi permettre à l'Algérie d'améliorer sa position extérieure. Mais globalement, le plan de la gestion active de la dette externe de l'Algérie offre aussi d'autres moyens d'effacer une partie de notre dette, même s'il faut reconnaître que toutes les conditions d'une pareille procédure doivent être réunies et souvent autour de positions convergentes entre les différents créanciers de notre pays. Selon une source digne de foi, les possibilités de conversion effectives de la dette avec les trois pays : l'Espagne, l'Italie et la France portent sur une tranche de 600 millions d'euros. Selon notre source toujours, un programme d'une conversion de la dette entre l'Algérie et la France porte sur une tranche de 200 millions d'euros. Rappelons que le Fonds monétaire international (FMI) a préconisé, dans son dernier rapport sur l'Algérie il y a quelques mois, le retour aux marchés internationaux de capitaux. Aussi, a-t-il affirmé qu'un remboursement anticipé de 2,7 milliards de dollars, en puisant dans les réserves de changes, permettrait d'économiser 250 millions de dollars, soit près de 10% du principal de la dette remboursée par anticipation.