Seulement quatre accords bilatéraux séparent l'Algérie du paiement intégral de sa dette publique contractée auprès du Club de Paris. Depuis le 11 mai dernier, date la signature de l'accord multilatéral avec le même club portant remboursement anticipé de la dette publique algérienne rééchelonnée entre 1994 et 1995, l'Algérie a signé des accords bilatéraux de remboursement de dette avec 14 des 17 pays créanciers. Le Royaume-Uni a été, mercredi dernier, le 13e pays à signer un accord de remboursement par anticipation de la totalité de la dette algérienne rééchelonnée vis-à-vis de ce pays pour un montant équivalent à 202 millions de dollars. Avec ce remboursement avant terme, le montant global des accords bilatéraux signés dépasse les 4 milliards de dollars. Outre la Grande-Bretagne (202 millions de dollars), sont ainsi remboursés la France pour 1,6 milliard de dollars, le Portugal (20 millions), les Pays-Bas (45 millions), la Belgique (225 millions), le Danemark (54,3 millions), l'Autriche (369 millions), les Etats-Unis (625 millions), l'Espagne (690 millions), le Canada (255 millions), la Suède (92 millions), la Norvège (15,6 millions) et la Finlande (11,8 millions). Sur les 17 pays créanciers de l'Algérie membres du Club de Paris, il en reste ainsi quatre à attendre de signer des accords similaires. Il s'agit de l'Italie, de l'Allemagne, de la Suisse et du Japon. Le prochain accord de remboursement par anticipation sera signé avec la Suisse le 15 juillet alors que l'accord avec le Japon devra être conclu à la fin du même mois, selon le ministère des Finances. Concernant l'Allemagne, l'un des plus grands créanciers de l'Algérie, l'accord s'annonce assez difficile. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, indique néanmoins que " les négociations avec ce pays avancent bien et les discussions sont en cours pour le choix de l'échéance de paiement par anticipation de cette dette évaluée à 763 millions de dollars ". Un accord avec l'Italie devra, par ailleurs être signé incessamment. Echéance finale le 30 novembre Le 30 novembre prochain sera, pour rappel, l'échéance finale fixée pour les remboursements par anticipation que l'Algérie a commencé à réaliser vis-à-vis de ses créanciers du Club de Paris depuis le 31 mai dernier. L'accord multilatéral signé entre l'Algérie et ce Club permet en effet aux Etats créanciers de choisir un échéancier de paiement dans l'intervalle allant du 31 mai au 30 novembre 2006. Dans une déclaration à la presse, M. Medelci a indiqué qu'avec les accords bilatéraux déjà signés, l'Algérie aura remboursé effectivement 60 % de sa dette avec le Club de Paris portant le stock de la dette extérieure à un niveau de l'ordre de dix (10) milliards de dollars actuellement. A noter que l'accord signé avec le Club de Paris pour le remboursement par anticipation constitue le plus gros de la dette à rembourser par anticipation. Cette dernière, s'élevant à 7,9 milliards de dollars sur un stock de 15 milliards de dollars. La signature des accords bilatéraux de paiement par anticipation, fait savoir le ministre, a permis à l'Algérie de non seulement de régler le problème de l'endettement mais aussi à " aplanir des contentieux relevant d'autres secteurs qui étaient en suspens entre l'Algérie et ces pays ". Se gardant de donner des détails sur la nature de ces contentieux, le ministre s'est limité à dire que la plupart relevaient de relations commerciales entre l'Algérie et ces pays créanciers. En tout et pour tout le montant de la dette extérieure de l'Algérie devra baisser à un niveau qui ne dépassera pas les 5 milliards de dollars à la fin de l'année 2006 notamment après le remboursement anticipé de la dette auprès du Club de Londres estimé à 800 millions de dollars, ainsi que des institutions financières multilatérales. Les négociations avec le club de Londres devront, selon le ministère des finances, commencer dés ce mois d'août pour déboucher sur un accord de paiement anticipé avant le mois de septembre prochain. A noter enfin que plusieurs avantages sont tirés de cette politique de désendettement dont on peut citer entre autre :la réduction de la dépense extérieure en intérêts sur la dette, l'amélioration de l'appréciation économique extérieure du pays et le renforcement de la sécurité financière. Pour rappel, l'Algérie a entamé le remboursement anticipé de sa dette en 2004 par le paiement d'une douzaine de crédits contractés auprès de la Banque Africaine de Développement (BAD). Elle a également remboursé par anticipation 22 crédits contractés auprès de la Banque mondiale. Selon le ministère des finances, le stock de la dette devrait à très court terme atteindre un seuil où "il restera inférieur à 10% de nos réserves de changes". Grâce à l'embellie financière que le pays connaît ces dernières années, le recours au remboursement anticipé de la dette a permis, et permet encore, de générer des gains financiers énormes provenant des économies réalisées sur le paiement des intérêts, des commissions et autres charges financières rattachées à tout crédit. Aussi, ce mécanisme de désendettement, faut-il noter, devra permettre désormais au pays de faire face aux différents programmes de développement sans devoir recourir à un endettement extérieur. Tout en améliorant l'appréciation économique extérieure du pays, ce désendettement progressif favorisera certainement le renforcement des équilibres financiers, la sécurité financière et incitera à davantage d'investissements étrangers.