Des participants à la rencontre ont rappelé que des tracts terroristes, appelant au djihad, étaient distribués dans les rues londoniennes, au vu et au su de Scotland Yard. La mission de la délégation n'a pas été tout à fait concluante. Une délégation de la communauté musulmane du Royaume-Uni, conduite par l'Algérienne Mouna Hamitouche, élue du Parti des travailleurs à la mairie de Islington, a rencontré hier la presse au centre Echâab des études stratégiques. Flanquée de l'Irakien Mohamed Ali Moussaoui, spécialisé dans les études islamiques, du Yéménite Abdellah, conseiller du gouvernement de Gordon Brown sur les questions liées à l'Islam et les musulmans, ainsi que d'un autre Algérien Kada Dahou présenté comme « homme d'affaires », Mme Hamitouche a fait un plaidoyer en faveur du gouvernement de sa majesté qui veut encourager l'Islam « modéré et tolérant ». Tour à tour, les membres de la mission se sont présentés l'un après l'autre, histoire de montrer à travers le « succès stories » combien il fait bon vivre au pays de la reine Elisabeth. En creux, un message subliminal suggérant qu'au Royaume-Uni une personne au teint basané, mais surtout musulmane de confession, pourrait accéder au trône de la « citizenship ». En écoutant l'auguste délégation, les informations en provenance de Londres sur les chasses à l'Arabe et au musulman ne seraient que de simples clichés. « Quel est l'objet de votre mission ? », osions-nous interroger. Réponse de Mouna Hamitouche, boursière de l'université d'Alger : « En fait, c'est pour parler de nos parcours et nos expériences dans ce pays… C'est le ministère des Affaires étrangères (Foreign Office ndlr) qui nous a invités… De toute façon, rien n'est fortuit ! » Le mot est lâché et a fait tout de suite changer parmi l'assistance le prisme avec lequel est perçue l'arrivée de cette délégation multinationale en Algérie. Le gouvernement de Gordon Brown a donc dépêché de « bons musulmans », des Algériens d'origine en particulier, pour prêcher la bonne parole et plaider sa cause contre les autres, les « radicaux islamistes intolérants ». La Mecque des djihadistes Les conférenciers étaient d'ailleurs un peu surpris par certains commentaires rappelant, à juste titre, que Londres était la mecque des fondamentalistes de tout poil durant les années 1990. Pis encore, elle servait de havre de paix et de base-arrière aux Abou Koutada et Abou Hamza El Misri qui haranguaient les foules des mosquées de Funsbury Park avec des fetwas incendiaires contre les « impies » en Algérie et dans d'autres pays arabes. Mhand Barkouk, le modérateur du débat, a lui-même témoigné que durant les années qu'il a passées à Londres des tracts terroristes, appelant au djihad, étaient distribués dans la rue au nez et à la barbe de la police de Scotland Yard. Visiblement gênés par tant de remarques, les « envoyés spéciaux » du Foreign Office durent reconnaître que « le gouvernement britannique a commis des erreurs d'appréciation croyant que les terroristes n'allaient pas frapper à ses portes ». Dixit Ali Mohamed Moussaoui, l'Irakien. Mouna Hamitouche appuie cet aveu en faisant remarquer que les certitudes du Royaume-Uni ont été ébranlées le 7 juillet 2005, lors des terribles attentats de Londres qui avaient fait 56 morts. On apprendra de ces musulmans BCBG, qui éclairent la lanterne « islamique » des autorités britanniques, que le département de David Miliband a dépêché d'autres délégations dans plus de 40 pays arabes ou musulmans. En clair, il s'agit bel et bien de la diplomatie publique en cours dans le monde anglo-saxon. Signe que rien n'a été laissé au hasard dans cette opération de charme, Kada Dahou, « l'homme d'affaires », arborait une barbe touffue et était vêtu d'un qamis ! Message codé : à Londres, même barbu, on peut être un bon sujet de sa majesté ! Le casting de la délégation est donc parfait, mais la mission n'a pas été tout à fait concluante.