Il a donc fallu que le Royaume-Uni soit frappé en plein coeur par une série d'attentats pour que Tony Blair passe à l'action. Les nouvelles mesures annoncées, vendredi, par le Premier ministre britannique, dans le cadre du nouveau plan de lutte contre le terrorisme et l'immigration, quoi qu'elles interviennent tardivement, ont le mérite d'opérer un revirement radical des autorités britanniques, vis-à-vis des milieux islamistes londoniens. Les annonces faites vendredi font partie d'un train de mesures, dont certaines seront adoptées d'ici à la fin du mois, et d'autres, nécessitant une modification législative, seront présentées au parlement à l'automne. Il a donc fallu que le Royaume-Uni soit frappé en plein coeur par une série d'attentats, et que les menaces du n°2 d'Al Qaîda Aymen Al Zawahiri, contre son pays fassent la Une mondiale, pour que le locataire du 10 Downing Street, passe à l'action. Après des années de complaisance à l'égard des activistes islamistes, Tony Blair décide, enfin, de mettre fin à toutes les activités subversives, retirer la nationalité britannique aux personnes agissant contre les intérêts du Royaume, refuser l'asile politique à quiconque sera impliqué dans le terrorisme ou qui aura un lien avec le terrorisme, d'expulser toute personne professant la violence, la révision de la loi sur les droits de l'homme et enfin la mise en place d'une limite de temps à l'extradition de personnes impliquées dans le terrorisme. Par ailleurs, une liste de sites Internet, de librairies et de centres religieux extrémistes sera établie et les étrangers qui leur seront liés pourront être expulsés sur décision du ministre de l'Intérieur. Des mesures, qui toucheront les islamistes algériens, d'autant plus, et ce n'est un secret pour personne que ces derniers ont pu, depuis l'arrêt du processus électoral en Algérie, en 1991 établir un réseau d'activités subversives dans la capitale britannique, sous le couvert de l'Association Algerian Community in Great Britain (ACB). Une association constituée, principalement de militants de l'ex-Fis, ayant fui le pays au début des années 90. Des revues ont aussi été créées, à l'image d'El Balagh. Ainsi des activistes, connus pour leur rôle dans la collecte de fonds et l'approvisionnement en armes des maquis du GIA, comme Kamreddine Kherbane, dénommé l'Afghan, avaient élu domicile à l'ombre de Buckingham Palace, sans pour autant être inquiétés par Scotland Yard, dont les agents se contentaient de « canaliser » et d'encadrer les manifestations en plein centre de Londres. Les nouvelles dispositions apportées par le Premier ministre britannique, notamment dans leur chapitre inhérent aux extraditions, permettraient le rapatriement de pas moins d'une vingtaine d'activistes algériens condamnés par la justice algérienne, à l'époque des tribunaux spéciaux, soit pour revendication d'attentats terroristes et/ou pour leur rôle dans le trafic d'armes et le financement des groupes terroristes. Cependant, même si pour le moment aucun accord judiciaire n'a été conclu entre Alger et Londres, il reste que la prochaine rencontre du chef de l'Etat avec Tony Blair à Londres, pourrait déboucher sur du concret. Il est utile de rappeler que lors de sa dernière visite en Algérie, le secrétaire d'Etat britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Kim Howells, avait examiné avec les autorités algériennes les voies et moyens permettant de faciliter l'extradition de terroristes algériens vers leur pays d'origine. C'est là aussi, une autre évolution, née des attentats du 7 juillet. La Grande-Bretagne qui a toujours conditionné toute extradition par le respect des droits de l'homme, va, à l'ombre de la révision même de sa charte des droits de l'homme entamer l'opération d'extradition des islamistes algériens et autres Maghrébins recherchés ou condamnés dans leurs pays d'origine. Par ailleurs, un récent document, affirme que «la toile d'araignée tissée par les islamistes un peu partout dans le monde, sous l'oeil bienveillant des services occidentaux, a fini par prendre dans ses rets ceux qui l'ont aidée et soutenue.» Un véritable effet boomerang, qui a pris de court toutes les capitales occidentales, qui après avoir nourri la bête immonde sont frappés de plein fouet par cette dernière. Ce qui a amené les pays de l'Union européenne à réviser leur législation, facilitant les extraditions et rendant plus souples la procédures de poursuite des activistes impliqués dans les attentats terroristes. Le même document affirme que le terrorisme n'aurait pas duré si longtemps en Algérie si ses réseaux de soutien avaient été éliminés en Europe. Peut-on, donc considérer à la lumière de l' «éveil» des capitales occidentales, que des activistes algériens seront extradés vers l'Algérie? Déjà, un islamiste, condamné en France pour sa participation à un réseau de soutien au Groupe islamique armé (GIA) algérien, a été expulsé vers l'Algérie vendredi dernier. Il y a eu une troisième expulsion, depuis la fin du mois de juillet, laquelle vise à «éloigner les islamistes radicaux liés aux réseaux terroristes», a-t-on indiqué Rue Vauban. Verra-t-on, enfin les Mourad D'hina, Djamel Lounici(Italie), Kamreddine Kherbane (Angleterre), Ahmed Zaoui (emprisonné depuis 2002 en Nouvelle-Zélande), Rabah Kebir (Allemagne) Djaaffar El Houari (France) Rabah Kebir (Allemagne) Anouar Haddam (Etats-Unis) comparaître devant la justice algérienne ? Tout dépend de la volonté des capitales occidentales, pour peu que celles-ci cessent de trouver des circonstances atténuantes à leurs «protégés».