Le résultat des élections législatives confie 308 sièges à La République en Marche et 42 au MoDem. Le mouvement politique d'Emmanuel Macron obtient ainsi une majorité dans l'Assemblée, mais sans pour autant remporter une vague d'adhésion comme attendue (400 sièges évoqués entre les 2 tours). Le Parti socialiste et les radicaux de gauche totalisent 33 sièges. La France insoumise et le PCF réunissent 27 sièges dans l'hémicycle et le Front national (FN) passe, quant à lui, de 3 sièges en 2012 à 8 en 2017. Si, depuis les élections présidentielles, le FN s'est effondré, Marine Le Pen obtient toutefois une tribune parlementaire qui lui offrira un espace médiatique. En comparaison, en 2012, le Parti socialiste et alliés obtenaient 295 députés à l'Assemblée. Ces élections sonnent donc le glas des partis traditionnels et de la bipolarisation partisane. Dès lors, il convient de s'interroger sur l'évolution du système des «paradigmes formels» que représentent les partis politiques aujourd'hui. Tout d'abord, il est certain que le mouvement LREM a réussi à faire ce qu'en interne, les partis n'ont pas réussi : le «prétendu» renouvellement et surtout «dégager» tous ceux qui ont causé la crise démocratique majeure que nous connaissons : clientélisme, aggravation de la crise générale, professionnalisation de la politique, etc. Basta ya ! ça suffit ! Quoi qu'il en soit, le «dégagisme», néologisme apparu en 2011 en Tunisie lors du Printemps arabe pendant les manifestations contre Ben Ali, ne peut constituer un programme politique porteur d'une vision sociétale à long terme. Si le mouvement politique est appelé à se structurer pour constituer un parti, la question majeure qui persiste et qui fera qu'il perdure ou pas est autour de quelle identité politique ? En d'autres termes, la force politique qui s'est institutionnalisée résistera-t-elle dans le temps et comment ? La crise globale, comme le fonctionnement de la Ve République ont fragilisé la majeure partie des consensus dominants et, de ce fait, les schémas et leurs structures existants à tous les niveaux. LREM ou la praxis politique Envisager l'éclatement des frontières structurantes partisanes qu'a produit et optimisé le mouvement politique LREM permet avant tout d'appréhender la praxis politique comme transformation des conditions socio-politiques. Nous sommes certes en période de crise, mais avant tout en période de transition démocratique et de recomposition structurante. Il revient d'inscrire l'idéologie en termes d'aspirations dans la matérialité du monde, et c'est là où la polarisation du système des partis se cristallisera pour ou contre l'Europe et la mondialisation. Aujourd'hui, les oppositions au national se concentreront dans les extrêmes : va-t-on passer d'un bipartisme à une triple expression politique sanctuarisée autour d'une gauche et d'une droite radicales dont les deux têtes d'affiche (Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen) seront au Parlement, face à un groupe construit autour du consensus permanent ? Pour les élections locales à venir, il est fort à parier qu'apparaîtra encore plus une poussée de champignons politiques faisant du citoyennisme leur programme central. Depuis sa consécration en 1962, la Ve République balance entre bipolarisation et multipartisme. Si 2017 apparaît comme la fin de la bipolarisation, elle ouvre l'ère de la transition systémique. Un système n'est pas une essence L'identité reste fondatrice, et cela fait bien longtemps que les partis dits traditionnels ne fonctionnent plus comme entités partisanes mues par une idéologie mobilisatrice. L'hégémonie de LREM a accéléré l'atomisation du Parti socialiste mais va provoquer, par ricochet, celle de LR qui deviendra une «droite molle» et revivra le spectre de la crise interne qu'a connue le PS depuis 2014. Au regard de ces résultats et du taux d'abstention historique frôlant les 58% (43,71% en 2012), la jeune formation que représente LREM n'a pour l'instant réussi qu'à exploser les cadres partisans mais n'a pas su réconcilier les Français avec la République et son expression première : la citoyenneté.