Echec - Le président français Emmanuel Macron a essuyé son premier revers électoral hier lors du renouvellement partiel de la Chambre haute du Parlement La droite a conforté sa majorité, ce qui devrait forcer le président composer pour faire voter sa réforme constitutionnelle. Selon les premiers résultats, le parti Les Républicains, avec 142 sénateurs sortants, était en route pour renforcer sa présence au Sénat. Dans l'attente des résultats définitifs, "on sait qu'on sera autour de 150, une progression inespérée", s'est réjoui Bruno Retailleau, le président du groupe au Sénat. Le parti présidentiel, La République en marche (LREM), qui comptait 29 sièges, ne tablait plus que sur "20 à 30" sénateurs. Le Parti socialiste, en pleine déconfiture à la présidentielle et aux législatives, résistait, lui, plutôt mieux que prévu. Le parti d'extrême droite Front national (FN), qui comptait deux sénateurs jusqu'à maintenant, ne remporte pour sa part aucun nouveau siège. Ce revers électoral pour le parti d'Emmanuel Macron, largement anticipé vu la nature du scrutin au suffrage indirect qui a servi à renouveler 171 des 348 sénateurs, n'empêchera pas le président de gouverner, mais il pourrait compliquer l'adoption de certaines des réformes-clés qu'il a promises pour "moderniser" la France. En France, la Chambre haute a le pouvoir de retarder l'adoption des projets de l'exécutif auxquels elle est hostile, mais le dernier mot revient toujours aux députés. En revanche, le feu vert du Sénat est en théorie indispensable pour réviser la Constitution. Or le chef de l'Etat entend faire adopter d'importantes réformes constitutionnelles d'ici l'été 2018, dont la réduction d'un tiers du nombre de parlementaires et la limitation du cumul des mandats dans le temps, des projets qui devront recueillir l'assentiment des 3/5e de l'Assemblée nationale et du Sénat, soit 555 élus. Si quelque 400 députés devraient lui être acquis (dont 313 du parti LREM), il faudra convaincre près de 160 sénateurs et donc trouver des points d'accord avec les autres partis. En cas de blocage au Parlement, le président a déjà annoncé qu'il aurait recours à l'arme du référendum. Après sa large victoire aux législatives en juin, LREM s'était autorisée à rêver d'une percée dans l'autre chambre pour conclure en beauté une année électorale marathon, marquée par l'élection d'Emmanuel Macron en mai. Mais avant-même le scrutin, il avait dû réviser à la baisse ses ambitions, avec la chute de popularité d'Emmanuel Macron et les premières difficultés du quinquennat. Au final, il risquait même de perdre du terrain. "Je ne dirais pas que c'est un succès", a grincé François Patriat, chef de file des macronistes au Sénat, qui ne tablait plus que sur "20 à 30" sénateurs, refusant pour autant de parler de déception. Dans la soirée LREM a jugé que les élections sénatoriales étaient "par nature plus difficile pour un jeune mouvement" et qu'elles ne reflétaient pas "les nouveaux équilibres politiques". La nature même du scrutin était de fait défavorable au chef de l'Etat. Seuls avaient droit de voter 76.359 "grands électeurs" (parlementaires, maires, élus locaux), largement issus des dernières municipales remportées par la droite à un moment où le parti LREM n'existait pas encore. Mais le gouvernement a aussi pris ces dernières semaines plusieurs décisions très mal accueillies par les élus locaux comme la suppression de 300 millions d'euros de dotations aux collectivités, l'exonération de la taxe d'habitation pour la majorité des ménages ou encore la baisse du nombre d'emplois aidés.