Les résultats préliminaires du premier tour des législatives françaises ont été rendus publics hier en début de soirée. Comme annoncé par les sondages, quelques jours avant le scrutin, la République En Marche (LREM) du président Emmanuel Macron est en passe de s'emparer de la majorité absolue au parlement. Selon les premières estimations diffusées à 20 heures, ce mouvement, créé il y a moins d'un an, a été crédité d'un tiers des voix. Les commentateurs politiques ont qualifié la victoire de LREM, de "déferlante" et de "tsunami". Le succès est d'autant plus retentissant que les candidats de LREM n'ont eu que quelques semaines pour mener campagne et se faire, pour la plupart, connaître du public. à l'opposé, des poids lourds de la politique, surtout à gauche, doivent se résigner à la défaite. Le Parti socialiste a obtenu le résultat le plus faible de son histoire (10% des voix). Il arrive derrière le Front National (13%) et la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. De son côté, la droite, même si elle se classe en deuxième position derrière LREM, enregistre aussi un fiasco. Les Républicains, qui comptaient faire barrage à Macron à l'Assemblée, ne devraient obtenir qu'une centaine de sièges. Pour justifier cette débâcle, le chef de file du parti, Francois Baroin, a mis en avant une victoire biaisée d'En Marche, en raison d'un taux d'abstention record. La même explication a été avancée par la présidente du FN, Marine Le Pen. Un peu plus de 49% des électeurs se sont rendus, en effet, aux urnes, soit la plus faible participation aux législatives depuis l'avènement de la Ve République. Au total, 47 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes pour départager 7 882 candidats dans 577 circonscriptions. Les postulants de la République En Marche se sont présentés dans 428 circonscriptions. Ce mouvement a rallié de nombreuses personnalités politiques (certains sont des transfuges de la gauche et de la droite) et des représentants de la société civile reconnus dans leurs domaines de compétence. En choisissant ces derniers pour porter les couleurs de son mouvement, le président Macron a voulu donner du sens à sa stratégie de renouvellement de la classe politique et de changement. C'est sur la base de cet engagement d'ailleurs que les Français l'ont porté au pouvoir le 7 mai dernier, brisant par leur vote le clivage traditionnel gauche-droite. Macron a notamment suscité de l'espoir en promettant de mettre un terme au carriérisme politique. L'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats, interdisant aux futurs députés d'exercer en même temps un mandat exécutif local, a ainsi conduit 216 candidats à renoncer à se présenter aux élections locales. Une autre loi sur la moralisation de la vie publique devra interdire aux futurs députés d'aller au-delà de trois mandats consécutifs. Ceux-ci seront appelés par ailleurs à faire preuve de rigueur et de probité dans l'utilisation de leurs dépenses. De Paris : Samia LOKMANE-KHELIL