Un vent de panique souffle sur les établissements de santé face à une rupture alarmante de réactifs pour la réalisation de certains examens biologiques. Une situation qui s'est aggravée ces derniers jours, puisque le problème dure depuis plusieurs semaines déjà. Après la rupture des différents vaccins pour nouveaux-nés, les examens de sang pour le test VIH, les hépatites B et C ne sont pas effectués depuis plus de 8 mois. Les prélèvements recueillis pour la sérologie (hépatite C et hépatite B) ont été carrément détruits, vu que les délais de conservation sont dépassés. Cette rupture, selon une source proche du dossier, n'est que la conséquence d'une mauvaise gestion et des prévisions erronées par les institutions concernées. La mise en place de la lettre de crédit consacrée par la loi de finances complémentaire 2009 a aussi contribué à cette pénurie. La rupture touche également d'autres réactifs nécessaires dans la prise en charge de certaines pathologies et en urgence notamment. Il est par exemple question des réactifs pour le contrôle de la glycémie et le taux de prothrombine (TP) qui est un test utilisé pour mesurer la coagulation sanguine chez des patients souffrant de cardiopathies. « Il nous est pratiquement très difficile d'assurer un contrôle et un suivi médical de nos patients face à ce manque de réactifs qui sont un des moyens élémentaires pour le suivi des pathologies. Outre les problèmes rencontrés concernant certains médicaments nécessaires, il est aujourd'hui encore plus grave lorsqu'il s'agit d'effectuer un examen primordial dans la prise en charge d'une maladie », nous confie un médecin cardiologue. Il en est de même pour le suivi des patients en gastroentérologie souffrant d'hépatite B ou C. « Les analyses pour évaluer le développement de la maladie sont très importantes dans le suivi médical et pour le schéma thérapeutique. Cela fait plusieurs mois que nos malades attendent les résultats alors que des prélèvements ont été effectués en attendant ces réactifs. Certains ont été détruits sachant qu'ils ne sont plus exploitables », regrette un praticien. Cette pénurie de réactifs touche également une autre spécialité qui ne cesse de faire parler d'elle de par son aspect virulent, à savoir la maladie cancéreuse. Il s'agit des marqueurs tumoraux utilisés pour surveiller les cancers déjà traités du colon et du sein suite à une prise de sang. Interrogé sur cette perturbation en approvisionnement de ces réactifs, le professeur Tazir, le nouveau directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) – le principal fournisseur des hôpitaux – installé en janvier 2010 et qui a hérité de cette situation, a expliqué qu'il y a effectivement un problème depuis quelques mois, mais la situation sera stabilisée prochainement puisque l'IPA vient tout juste de recevoir les premières commandes des réactifs pour le VIH et les hépatites B et C. « Les premières livraisons des réactifs que nous fournissons aux hôpitaux ont été réceptionnées aujourd'hui, (hier, ndlr) et nous allons reconstituer le stock de sécurité », a-t-il rassuré. A propos de la pénurie des vaccins pédiatriques, le Pr Tazir signale que tous les vaccins sont actuellement disponibles dans les PMI. Concernant le vaccin contre l'hépatite B (HbV) destiné aux nouveaux-nés, le Pr Tazir a tenu à préciser que 300 000 doses ont été déjà réceptionnées et distribuées à travers les centres de vaccination et une commande de 1 500 000 doses est en attente de livraison.