Le patron de l'usine de mise en bouteille de l'eau de Mougheul, L. Mohamed, qui n'est autre que le vice-président de la Confédération nationale du patronat, a passé, mercredi, sa première nuit en prison. Il a été mis sous mandat de dépôt en compagnie de son frère, du directeur local de la BEA et de deux experts. Ils sont accusés de trafic d'influence, de corruption et de faux et usage de faux notamment. Pas moins de 26 individus, dont le directeur des crédits de la BEA au niveau d'Alger, le directeur des Domaines de la wilaya de Béchar, le directeur du registre du commerce et le P/APC de Mougheul, ont été entendus par les magistrats instructeurs ce mercredi dans le cadre de cette affaire qui est venue secouer pour la énième fois la wilaya de Béchar. La séance a duré de 8h à minuit. L'usine de mise en bouteille de Mougheul, une petite commune située à 40 km au nord de la ville de Béchar, a été inaugurée en grande pompe en juin dernier par les autorités locales. Certains responsables avaient fait le voyage à partir d'Alger pour y assister. On avait alors parlé de la création de plusieurs dizaines de créations d'emploi. Moins de six mois plus tard et sur proposition de la police, ces mêmes autorités ont procédé à la fermeture « provisoire » de cette usine. « Ce n'est qu'un leurre », avaient indiqué certains investisseurs. Les services de la sûreté de wilaya venaient, en effet, de découvrir que l'usine ne disposait ni de certificat de conformité ? ni de laboratoire pour analyser l'eau qui était commercialisée, ni de sanitaires pour les travailleurs. Aussi, les agents de la police judiciaire avaient constaté que l'eau était pompée à partir d'un forage appartenant à la direction de l'hydraulique. L'ex-chef de sûreté, en vérifiant le dossier de cette usine, a découvert plusieurs irrégularités dans le dossier de garantie déposé au niveau de la BEA, pour un prêt de 32 milliards de centimes. Ce dossier contenait de faux documents. Même le forage de l'hydraulique avait fait l'objet d'une évaluation par l'expert et l'expertise avait, nous dit-on, sur-estimé la quasi-totalité du matériel hypothéqué au niveau de la banque. En ce qui concerne les 32 milliards, des sources sûres affirment que le compte bancaire du patron était presque vide au moment de l'enquête. « On ignore où est passé tout cet argent. Le coût de cet investissement a été fortement sur-évalué », murmure-t-on. Les autres prévenus ont été autorisés à rentrer chez eux, « mais rien n'indique qu'ils ne seront pas être reconvoqués par le juge d'instruction dans les jours qui viennent », signale-t-on.