La décision du 6 Mai 1966 portant nationalisation des mines a véritablement cristallisé la volonté de notre pays de poursuivre le processus de recouvrement de sa souveraineté nationale, c'est aussi un événement majeur et un jalon dans l'histoire de l'Algérie indépendante car il symbolise la volonté de tout un peuple de disposer de ses richesses naturelles afin de les mettre au service du développement économique et social de la nation avec des perspectives prometteuses de réaliser un profil d'exportations. Pendant la guerre de Libération nationale – les années 50 –, les sociétés minières étrangères ont accéléré le processus d'écrémage des gisements et limité, voire stoppé tout investissement dans ce secteur. Avant l'indépendance (1962), l'activité minière en Algérie était orientée principalement vers l'exploitation des gisements de fer et de plomb-zinc. Entre les deux guerres mondiales, l'Algérie était un producteur important de minerai de fer dans le monde ; sa production a contribué à la prospérité des industries de transformation de plusieurs pays européens, en particulier la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Les exploitants étrangers, au lendemain de l'indépendance, ont abandonné plusieurs mines après en avoir tiré le meilleur profit ; ne sont restées en activité que les mines encore «viables», telles celles de phosphate, de zinc, de fer, de baryte, de charbon et les salins. Après le départ massif des cadres, employés et ouvriers européens laissent derrière eux un pays totalement à l'arrêt, où notamment les premiers cadres ont apporté la preuve de leurs sacrifices dans la douleur de leur jeunesse en travaillant sans répit et dans des conditions de travail des plus pénibles et d'une charge de travail insupportable par manque d'effectifs et de qualifications. Cet événement marquant est témoin de l'engagement des premiers cadres algériens, avec leurs performances et leur vrai nationalisme d'une naïveté et honnêteté intellectuelles et professionnelles extraordinaires sur le terrain, dignes d'une génération au service réellement de l'Algérie indépendante. Evidemment, cela mérite aujourd'hui d'être rappelé dans cette importante étape de l'histoire de l'Algérie du 6 Mai et mise en évidence avec force, notamment les années 1940, les grèves déclenchées dans les mines de Zaccar, de Ouenza et de Timezrit, mais également des régions fortement évocatrices avec celles de Kenadza, El Kouif, Boukhadra, El Abed, Boukaïd…. C'est l'image du mineur algérien, mais aussi des images de solidarité, de courage et de fierté d'un authentique métier dont on parle avec respect. Oui, je suis fier d'appartenir à cette corporation pour en parler davantage par devoir de mémoire et rendre tous les mérites et hommages qui leur sont dus. En effet, nul n'oublie cette grande période du 6 mai 1966 où le temps passait, les entreprises se créaient et grandissaient avec un 11 Mai 1967 par la création de la Société nationale de recherche et d'exploitation minières (SONAREM). C'est à partir de cette date que l'activité minière nationale s'est organisée pour la recherche et l'exploitation des substances minérales, et ce, jusqu'en 1983, époque à laquelle est intervenue la restructuration de la Sonarem avec la création de sociétés, comme l'ENOF, Ferphos, ENG, Enasel et Enamarbre. Nous notons un effort réel de développement économique au regard de toutes ces réalisations historiques et quoi que l'on dise, l'Algérie peut s'enorgueillir aujourd'hui à l'honneur de leurs initiateurs disparus en fragilisant un secteur aussi sensible. Ainsi apparaît la nécessité d'un redéploiement du tissu industriel minier avec l'objectif de poursuivre et d'impulser un nouvel élan au développement du secteur minier à travers, notamment, la mobilisation des ressources et de moyens plus importants devant aboutir entre autres à la valorisation des ressources minérales dans une perspective de développement, à l'élargissement de la base minérale du pays, à la création de nouvelles richesses, à l'accroissement de la production des ressources minérales insuffisamment exploitées et au développement d'une industrie minière performante de transformation, et ce, en s'appuyant sur un certain nombre d'actions précises : – la refonte de la loi minière ; la formation des cadres du secteur des mines assurée par l'Ecole des mines d'El Abed créée à cet effet ; le renforcement des ressources matérielles et humaines de l'Office de recherche géologique et minière (ORGM) pour soutenir le développement de la recherche minière et reconstituer le portefeuille national des ressources minières ; la poursuite de la réhabilitation du potentiel de production existant à travers des actions de renouvellement et de modernisation ; la réalisation de grandes stations de production d'agrégats ; la reconversion des activités des mines dont les réserves étaient épuisées ; la conquête de nouveaux marchés à l'extérieur par le placement d'une gamme variée de produits miniers tels que phosphate, mercure, baryte, Minerai de fer, bentonite, kieselguhr, concentré de plomb…et le marbre, ce qui a permis le développement de l'investissement privé étranger avec la concrétisation de la participation des sociétés minières étrangères provenant de plusieurs pays pour l'ensemble des phases de l'activité minière. Le domaine minier national reste relativement sous-exploré avec un potentiel réel et continue à faire l'objet d'un vaste programme de recherche et d'exploration dans les bassins matures et dans les zones peu ou insuffisamment explorées à travers tout le pays. Les résultats de ces études sont concluants et nous avons maintenant une meilleure connaissance de l'importance de nos ressources. Nous avons identifié un potentiel de réserves qui nourrit et stimule la croissance dès lors qu'un certain nombre de facteurs se conjuguent pour offrir un environnement propice à son expansion, pour peu que des initiatives et des énergies soient libérées. C'est dans cet esprit que le secteur minier continue d'œuvrer pour relever les défis de son développement. Cet objectif est tout à fait à notre portée si on considère la diversité des produits de nos richesses pour non seulement garantir un approvisionnement sans faille des centres de transformation créés autour de ces richesses avec des milliers d'emplois, mais aussi visant une augmentation de nos capacités à l'export indissociables de l'acte de production. Cette réalité s'est traduite par l'encouragement du secteur privé à développer des industries de transformation des matières premières minérales pour la production en Algérie de produits à plus forte valeur ajoutée. En cela, la date du 06 Mai – nationalisation des mines en 1966 – un événement majeur de l'histoire d'Algérie, demeure décidément une grande source d'inspiration pour toutes les générations futures. Il faut, en premier lieu, rendre un vibrant hommage à tous ceux qui se sont battus pour que les générations futures puissent jouir de la totalité des richesses et ressources des terres algériennes, rendre hommage également aux travailleurs des mines qui ont réalisé des avancées appréciables pour le développement de cette industrie nationale. Des conditions se sont réunies pour impulser la dynamique au secteur minier avec la valorisation des gisements de fer de Gara Djebilet et celui du zinc-plomb de Béjaïa, les nouvelles installations et modernisations des unités de production de bentonite de Maghnia, de baryte de Draïssa de Béchar, de marbreries de Skikda et Sig, ce qui recommande des compétences de gestion avérées à la hauteur des défis attendus. Seuls 3,6% représentent le secteur des mines dans la répartition des exportations hors hydrocarbures Mais ce qui me semble le plus important en l'occurrence, c'est ce que nous avons appris et retenu de cette dynamique en termes de capitalisation de l'expérience et de maîtrise de l'importance de nos ressources minières, ce qui devrait nous permettre d'envisager avec optimisme la préparation de la relève pour faire face avec succès aux nouveaux défis que nous pose désormais le monde avec son commerce international des produits miniers en termes d'exportations hors hydrocarbures. La structure des exportations hors hydrocarbures (à peine 2 à 3% dans la structure totale des exportations). Les échanges avec les pays arabes sont estimés à environ 3% des échanges totaux du pays (+ de 90% en hydrocarbures). Les principaux clients et fournisseurs sont respectivement l'Egypte et la Tunisie. En chiffres, seuls 3,6% représentent le secteur des mines dans la répartition des exportations hors hydrocarbures et 12 exportateurs représentent 93% du global hors hydrocarbures, dont le phosphate exporté à l'état brut par une entreprise du secteur des mines. D'autres produits du secteur des mines sont également exportés avec des quantités beaucoup plus faible ne reflètent pas les potentialités du secteur. Ce qui nous invite à dire : qu'exporte le secteur des mines à ces clients et fournisseurs potentiels ? Quelle balance commerciale ? Qu'en-est-il de la filière marbre ? Ayant un potentiel avéré à l'export pour envisager une démarche individualisée avec ses produits éligibles et leur avantage comparatif, une filière maîtrisant l'amont et l'aval de la chaîne de valeur, candidate pour un moteur dans l'incubation de jeunes entreprises, l'idée de clusters «Marbre» ne doit pas être écartée sous réserve d'une stratégie réfléchie au vu d'un potentiel «gisement» lui permettant de se hisser déjà au premier rang régional avec une réelle industrie marbrière. Un marbre blanc de la carrière de Filfila (w. Skikda) qui mérite d'être mieux mis en évidence de par l'intensité de sa demande locale et maghrébine pour l'ériger à celui du marbre blanc de Carrara (Italie). La carrière de Filfila est devenue aujourd'hui la cause et l'urgence de toute la filière marbre. La quantité importée en produits de marbre en évolution exponentielle mérite bien une réflexion (de plus de 34 millions de dollars en 2006 à plus de 64 millions de dollars/an en 2010 dont 25% concernant les granulats). Les 75% de la demande sont couverts par l'importation des pierres naturelles et à ce jour la demande explose et les importations ont pris une autre dimension. En 2008, l'Italie a exporté du marbre vers l'Algérie pour plus de 21 millions de dollars, soit environ 90% du total des importations de marbre. Alors que l'Italie a réussi à placer quelques quantités de centaines de m3 de marbre rouge de Kristel (un indice viable) de la région d'Oran susceptibles d'être augmentées et inscrites dans la durée avec le potentiel appréciable qui regorge d'énormes ressources et réserves géologiques estimées à plus de 7 millions de m3 pour une totalité de plus de 26 millions de m3 que recèle, seule, une EPE du secteur minier en toutes variétés et couleurs confondues. A ce potentiel s'ajoutent d'autres réserves dans plusieurs régions du pays, Aïn Témouchent, Tamanrasset, Jijel, Sidi bel Abbès, Constantine… qui sont très appréciées en Europe et dans les pays du Moyen-Orient. S'agit-il d'un constat préoccupant qui reflète la vulnérabilité de l'économie et la fragilité de cette filière marbre en dépit de nombreuses mesures de soutien économiques et financières ? Et pourquoi en est-on à ce point ? Nombreuses sont les entreprises qui disparaîtraient si les mesures de protection de la production nationale mises en œuvre étaient levées. Difficile de se prononcer en l'absence d'un réel diagnostic sans complaisance qui s'impose. Du marbre algérien à la maison-blanche Les marbres algériens auraient servi à orner plusieurs édifices aux Etats-Unis dont le marbre de la Maison-Blanche aussi aurait été produit en Algérie. Pour dire également qu'à cette époque le marbre du célèbre Chrysler Building de New York, un gratte-ciel de 319 mètres bâti en 1939, provenait de la carrière de marbre de Bouhnifia (w. Mascara), alors qu'il est étiqueté «marocco marble», confirmé par le docteur Annewies van den Hoek, professeur à l'université de Harvard, et le docteur John Herrmann, conservateur au Museum of Fine Arts de Boston, qui ont déjà séjourné en Algérie en 2006 et 2008. Ils ont donné une conférence sur le négoce international des marbres algériens et ces deux chercheurs américains travaillent sur l'histoire et la géographie du marbre depuis l'Antiquité. Mieux encore, des parements en marbre abondamment utilisés lors de la réhabilitation en 1814 des bâtiments de la Maison-Blanche à Washington portent les couleurs chatoyantes de l'onyx de Aïn Smara. Quant au marbre décorant le célèbre Rockfeller Center, il vient des carrières de Kristel (ouest du pays), soutient l'Asmosia dans son étude, faisant remarquer que les marbres de Filfila, de très grande notoriété, étaient recherchés pendant l'époque romaine pour leurs qualités exceptionnelles dans le domaine de la sculpture. Quel bilan et où en sommes-nous avec cette filière? Que représente ce segment des produits miniers ? Cette filière marbre a-t-elle conforté le niveau des réserves en renforçant sa capacité à satisfaire la demande et avec quel taux de pénétration dans l'économie nationale ? Avec quelle perspective et développement de promotion des produits éligibles à l'international ? Quels marchés à forts potentiels cibles ? Pour quels accompagnements avec quels acteurs ? Soit quel avenir pour cette filière marbre ? Des questions qui nous invitent à nous interroger sur le niveau de compétitivité en rapport avec les standards internationaux, une autre composition des exportations hors hydrocarbures au cœur de la problématique. Comment peut-on accepter qu'une entreprise qui renferme autant de richesses naturelles en soit réduite à être incapable de ne «rien produire» (trop dit peut-être) et ne «rien exporter» et à devoir laisser «tout» importer pour que le secteur privé alimente son appareil de production ? Trop d'interrogations devant certainement dominer les débats avec déjà un tableau de bord présentant des résultats très en deçà de ce qu'exige la situation de la filière marbre au potentiel gisement de marbre encore sous-exploité loin encore à développer une industrie marbrière susceptible de générer une dynamique compétitive avec la combinaison judicieuse de ses atouts distinctifs. Bien entendu, nous ne questionnons pas les hommes, mais un système de gouvernance économique de cette filière marbre : c'est la structure et l'organisation du système de fonctionnement qui, à notre sens, piège la filière marbre dans un équilibre sous-optimal avec un manque de lisibilité et profondeur économique, en accusant même un retard avec le redoutable piège qui s'est bel et bien refermé sur elle-même. Une équipe, cohérente dans son organisation, crédible dans la réputation de ses membres sur le plan interne de la filière, sera à même d'apporter avec rigueur et méthode les changements et les solutions aux difficultés réelles de la filière marbre pour que cette dernière apporte sa contribution à la diversification de l'économie nationale tant recherchée, loin d'un homme providentiel, à chaque fois, avec incapacité à faire adhérer un staff autour d'une vision, d'une ambition. Trop d'effets d'annonce, mais de très loin par rapport à ce que la filière marbre aurait pu faire. Des produits de marbre bruts, semi-finis et finis sont jusqu'ici importés, avec la compétition de matériaux alternatifs qui se partagent le même marché et s'affirment de plus en plus à travers le développement de nouveaux produits en mettant en œuvre de technologies de fabrication avancées, un vrai débat même sur la pérennité de la filière marbre, soit des visions parfois différentes mais aussi des questions restent ouvertes. Dans cet ordre économique, la fonction export de la filière marbre du secteur mines doit être réhabilitée avec un esprit d'entreprise pour un leadership et avec un réel positionnement marketing. En tout cas, un choix d'action s'impose et celui-ci est très difficile, surtout dans le contexte actuel d'une économie de plus en plus mondialisée. La stratégie «d'autosuffisance» a créé majoritairement des entreprises inefficaces parce qu'elles n'ont pas été exposées à la concurrence sur les marchés internationaux. La stratégie des exportations actuelle de ce segment des produits miniers a-t-elle répondu à ce besoin et à travers quelle stratégie industrielle des entreprises de ce secteur et notamment celle de la filière marbre d'Algérie, en dépit des nombreuses mesures de soutien économiques, financières et juridiques apportées et au vu de l'importance de l'infrastructure géologique ? Il nous semble nécessaire de décrire cette situation d'exportation actuelle hors hydrocarbures d'un segment de produit minier et autres ayant déjà une carte de visite et d'apporter brièvement quelques éléments et données statistiques sous forme d'éclairage pour se faire la meilleure idée possible sur cette prise en charge, en particulier la filière marbre. Comment peut-on accepter qu'une entreprise qui renferme autant de richesses naturelles en soit réduite à être incapable de ne «rien produire» et ne «rien exporter» et à devoir laisser «tout»” importer pour que le secteur privé alimente son appareil de production ? Trop d'interrogations au tableau de bord présentant des résultats très en deçà de ce qu'exige la situation ayant bénéficié d'un programme de développement consommé mais loin de développer une industrie marbrière susceptible de générer une dynamique suffisamment compétitive avec la combinaison judicieuse de ses atouts distinctifs pour contribuer à la diversification de l'économie nationale. La présente contribution ne prétend pas répondre à toutes les questions, mais elle a pour objectif de stimuler les débats sur les grands sujets du secteur des mines en donnant la lecture la plus correcte possible, documentée et objective avec une importance à souligner pour la filière marbre. C'est dans cette perspective que se place cette modeste contribution avec des débats contradictoires d'idées pour interroger cette filière du secteur des mines.