Mettre en place ne serait-ce qu'un embryon d'une industrie automobile dans notre pays s'est avéré un véritable échec. C'est le nouveau ministre de l'Industrie qui l'a reconnu publiquement. Les projets de montage de véhicules ne sont finalement qu'une manière détournée de continuer à importer des voitures et surtout un moyen de transférer de la devise à l'étranger. La faveur est réservée depuis trois ans à un cercle restreint de copains. Qu'est-ce qui a amené le successeur de Abdessalem Bouchouareb, qui n'arrête pas depuis quelques jours de dénoncer une «importation déguisée», de préconiser une nouvelle politique dans le secteur ? Ayant carrément bloqué l'importation des voitures pour en réduire la facture qui nous revenait très cher — elle s'élevait à 6,34 milliards de dollars en 2014 —, ceux qui ont en charge les affaires du pays se sont finalement rendu compte que la stratégie qui consistait à lancer une industrie automobile a été inopérante, mal réfléchie et a coûté au Trésor public la bagatelle de 7000 milliards de centimes sans que les «objectifs qui lui ont été tracés initialement ne soient atteints». Des experts en la matière avaient pourtant alerté sur l'inefficience de ces projets tels qu'ils ont été amorcés par le gouvernement qui voulait à tout prix mettre en place une industrie automobile. L'usine Renault était, pour beaucoup d'ailleurs, loin d'être un modèle pour développer l'activité de la construction de véhicules. L'usine de Tlélat à Oran a été, sans aucun doute, une usine politique. Mais qu'à cela ne tienne. Devant la crise économique qui frappe le pays, tout en restreignant drastiquement l'importation de véhicules, le gouvernement a pris l'initiative de jeter dans le bain certains investisseurs privés. Des usines de montage sont lancées. Mais sans trop tarder, la première, qui est l'usine de montage de voiture de marque Hyundai à Tiaret, produit son premier scandale. Ce qui a été présenté et défendu mordicus par le gouvernement Sellal et son ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb, comme étant une vraie chaîne de montage n'est en réalité qu'une «importation déguisée». Sovac, en partenariat avec Wolksvagen, est lui aussi en phase de mettre en place un projet similaire en Algérie. Ce ne serait pas tellement différent du modèle «Tahkout». Mais les responsables du prestigieux concessionnaire ont vite fait d'annoncer que pour l'instant l'usine ne peut que faire dans la formule CKD (Complete Knock Down), un ensemble des pièces détachées nécessaires pour assembler complètement un véhicule. Cette pratique est commune à tous les constructeurs automobiles. Rentabilité oblige. L'objectif est d'éviter de payer des taxes à l'importation qui auraient été plus élevées sur un produit fini. Idem pour ce qu'on appelle le Semi Complete Knocked Down (SKD) qui repose lui sur une intégration locale plus importante. Sérieusement, peut-on faire autrement dans un pays comme le nôtre ? Le réalisme aurait voulu que le gouvernement garde les pieds sur terre et ne pas présenter ces projets comme étant des projets de l'industrie de l'automobile à proprement parler. On est encore loin d'une voiture «made in Algeria». A-t-on pensé à créer les conditions pour la réussite de l'industrie automobile ? Il aurait fallu d'abord mettre en place les facteurs-clés du succès, c'est-à-dire des éléments stratégiques, en préparant l'environnement (formations, compétences, réseaux de sous-traitants dignes de ce nom) pour assurer la réussite des projets. Le gouvernement a menti. Il ne fait en réalité que cueillir les fruits de ses mensonges au détriment de la bonne gestion des biens de la collectivité nationale.