Comme cette sortie du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, qui attaque le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, qui avait auparavant soutenu que l'opposition n'avait pas d'alternative et que son seul discours c'est «dégage». Le chef du parti islamiste, s'étant senti visé, n'a donc pas tardé à réagir en soutenant qu'à aucun moment il ne s'en est pris à l'ancien chef du gouvernement. «Si ce dernier a cru qu'il était la cible de nos déclarations, a-t-il estimé dans son discours lors de la réunion du majliss echoura avant-hier, c'est qu'il manque de confiance en lui.» Abderrezak Makri soupçonne Ahmed Ouyahia de préparer la prochaine élection présidentielle. Ses déclarations s'inscrivent en droite ligne de cette échéance qui commence déjà à capter l'intérêt de beaucoup de segments de la classe politique. Si le président du MSP déclarait le contraire, il mentirait. L'Algérie est à moins de deux ans de ce rendez-vous électoral et la classe politique s'y prépare déjà. Elle ne chôme d'ailleurs pas, elle qui est à peine sortie des dernières élections législatives, et se lance dans la bataille des élections locales prévues à l'automne prochain. L'agenda politique national est bien rempli et le sera encore dans le futur proche. Il sera difficile aux uns et aux autres de refouler leurs ambitions. Les manœuvres ont bel et bien commencé. D'abord dans le sérail, où la partie d'échecs devient de plus en plus serrée. Chacun avance ses pions au gré des situations de jeu. Le dernier changement de gouvernement qui a vu le départ surprenant de Abdelmalek Sellal est l'indication qu'une nouvelle carte politique est en train de prendre forme. Et le retour des remous au Front de libération nationale (FLN) ne peuvent être que favorisés par l'approche des échéances électorales. Abderrahmane Belayat le dit clairement dans une déclaration faite au journal El Khabar. Selon lui, l'actuel secrétaire général du parti, Djamel Ould Abbès, «n'est pas à même de conduire le FLN aux prochaines élections locales, lui qui a été à la débâcle lors du dernier scrutin législatif». Encore moins, tranche-t-il, «à l'échéance présidentielle de 2019». Cet ancien cacique de l'ex-parti unique va même jusqu'à penser que si le président Abdelaziz Bouteflika, qui est malade, décidait de la tenue d'une élection présidentielle anticipée, «qu'allons-nous lui dire ? Que nous ne sommes pas prêts !» Chez les partis islamistes, au RND comme au FLN, tout le monde a l'esprit à cette échéance électorale. Les prochaines élections locales ne sont en réalité qu'une halte sur le chemin de l'élection présidentielle qui donnera à voir de chaudes empoignades en prévision de 2019. On assistera à des guerres de tranchées, à des luttes sans merci, à des repositionnements spectaculaires, comme on a l'habitude de voir en pareille compétition politique. Il y aura sûrement de la surenchère populiste qui se greffera sur la crise économique que traverse le pays. La crise, le problème des migrants sur lequel vient d'ailleurs de se prononcer le secrétaire général du RND, les échecs qu'ont connus les politiques publiques sous l'ère Abdelaziz Bouteflika s'inviteront dans le débat. Les échanges entre responsables politiques ces derniers jours ne sont en réalité qu'un avant-goût de ce que vivra la scène politique nationale à partir de la prochaine rentrée sociale.