C'est avec une rare virulence que s'est attaqué, hier, Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), au patron du RND, Ahmed Ouyahia, l'accusant de semer un discours d'alarmisme après avoir été un élément de la crise. «Certains reconnaissent, aujourd'hui, que l'Algérie est en crise et osent dire que ce qui arrive est encore pire», a déclaré Makri, lors d'un meeting populaire organisé à la salle Atlas d'Alger, allant jusqu'à citer nommément le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND). «Après avoir participé au gaspillage de 800 milliards de dollars, dira le chef du parti islamiste, ils viennent nous parler de la crise, eux qui ont toujours fait partie du pouvoir». Et de lancer à l'assistance : «Vous savez de qui je parle ? De Si-Ahmed Ouyahia.» Ce dernier, rappelle le président du MSP, a toujours fait partie de «ceux qui nous ont gouverné avec de gros moyens financiers, sans pour autant rien faire». Makri qui dit ne vouloir pas entrer dans la polémique avec le SG du RND, non-moins directeur de cabinet de la Présidence de la République, explique que la meilleure réponse se trouve dans les listes de candidatures de son parti pour les législatives du 04 mai prochain. «Nous leurs disons que nous avons de braves hommes, des compétences qui n'ont pas les mains salies de corruption et nous avons un programme pour servir le pays», a-t-il ajouté. Ouyahia n'était pas la seule cible d'Abderrezak Makri. Le chef de l'ex-Hamas a décoché quelques fléchettes en direction du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès qui parlait de «passage du flambeau aux jeunes». «Aux jeunes, nous disons que vous êtes nos partenaires pour la construction dans le présent. Pas comme ceux qui ne cessent de leurs répéter à chaque occasion qu'ils constituent l'avenir», a déclaré Makri, suivi d'un tonnerre d'applaudissements. Le président du MSP, qui se vante d'avoir un «parti capable de rivaliser» avec les deux partis politiques du pouvoir, a encore violemment critiqué le positionnement de ces formations politiques en prévision de l'élection présidentielle de 2019. «Nous refusons que l'Etat soit instrumentalisé à des fins personnelles. Les présidentielles sont encore loin», a-t-il déclaré, soutenant que lorsque le moment sera venu «le MSP sera aux coudes-à-coudes dans la concurrence pour cette échéance». Et à lui de mettre en garde contre les luttes de clans et de pouvoir qui «ont été à l'origine de toutes les crises vécues par les pays». En Algérie, «la crise de l'après-indépendance en 1963 est causée par des luttes de pouvoir. Celles de 1980 et de 1991 également», explique-t-il. Enfin, Abderrezak Makri, a réitéré la volonté de sa formation à participer à un gouvernement d'union nationale, au cas où les législatives ne sont pas entachées de fraude. Appelant «à laisser le scrutin se dérouler dans la transparence», le président du MSP, dans un message fort, on ne peut plus clair, au pouvoir, dira : «Nous voulons un gouvernement d'union nationale avec un programme qui fera sortir le pays de sa crise. Mais, le point de départ entre nous, ce sont les législatives.» Et d'avertir que «la fraude mènera le pays à la dérive». Sur ce, la responsabilité, conclura Makri, «incombe au système, au gouvernement et à l'administration».