« Il n'est pas question de s'arrêter là », estiment les parties plaignantes. Le MRAP fait d'ores et déjà appel. Paris De notre bureau C'est une décision politique », estiment les parties plaignantes, soit le MRAP et les associations qui ont apporté leur soutien à la démarche du mouvement antiraciste en réaction au jugement rendu, hier après-midi, par le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, saisi en référé sur le retrait de l'affiche du Front national. Le TGI de Nanterre a débouté le MRAP sur la forme. Le motif invoqué est que le MRAP ne s'est pas domicilié à Nanterre. Or, le MRAP s'est fait domicilier au cabinet de sa défense, maître Lasbeur, situé à Neuilly-sur-Seine, ville relevant du même département dont ressort le TGI de Nanterre. Aucun représentant du Front national, ni la défense du parti d'extrême droite ne se sont déplacés pour recueillir le jugement du juge en référé du TGI de Nanterre. Seules les parties plaignantes et leur avocat qui ont dû attendre 45 minutes, ont-ils signalé, pour que leur dossier soit retrouvé. Mouloud Aounit, coprésident du MRAP, considère que c'est « un jugement politique » qui a été rendu à deux jours du premier tour des élections régionales. Le MRAP fait d'ores et déjà appel du jugement. Il a décidé de poursuivre, dès la semaine prochaine, le Front national et son président, Jean-Marie Le Pen, au pénal pour « incitation à la haine raciale ». Il est à rappeler que Jean-Marie Le Pen devra comparaître le 6 mai prochain devant le tribunal correctionnel de Paris, pour les mêmes motifs pour répondre à une plainte à son encontre engagée par SOS Racisme, associée au journaliste et écrivain algérien Mohamed Sifaoui. SOS, en interjetant son action devant le tribunal de Paris, a estimé que « sous le couvert de dénoncer l'extrémisme religieux, le leader frontiste a très clairement marqué sa volonté de susciter la peur et le rejet à l'encontre de toute personne de confession musulmane, mais également des Français d'origine algérienne et des ressortissants algériens vivant en France ». Chafia Mentalechta et Akli Mellouli, dirigeants de l'Espace franco-algérien qui a appuyé l'action du MRAP auprès du TGI de Nanterre, se sont montrés surpris par l'argument invoqué par le juge des référés pour débouter leur action. Ils ne baissent pas pour autant les bras, « loin s'en faut ». En accord avec le MRAP, ils considèrent qu'« il n'est pas question de s'arrêter là ». « Il ne faut pas que les principes républicains soient bafoués. Il y a des règles républicaines qui doivent être appliquées de la même façon », souligne Akli Mellouli. Quant à l'avocat du MRAP, il affirme : « Nous avons perdu une bataille de par une décision tirée par les cheveux, mais le combat au plan juridique continue. » L'affiche incriminée a été diffusée par le mouvement jeunesse du FN. Une affiche diffusée dans un premier temps en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et sur son site internet. Cette affiche, qui est actuellement visible partout en France, représente une femme en niqab noir devant une carte de France, recouverte d'un drapeau algérien et d'une demi-douzaine de minarets sur un fond « Non à l'islamisme ».