De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Pendant que la non-signature du décret d'application sur les tests ADN suscite des remous au sein des députés de la majorité présidentielle, dont sa partie la plus conservatrice se sent flouée par l'Exécutif, M. Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, tente de mettre fin à la polémique suscitée par les propos à contenu raciste qu'il a prononcé le 5 septembre dernier. L'occasion lui a été offerte par le Conseil français du culte musulman (CFCM) qui l'a invité lundi soir à son traditionnel f'tour du Ramadhan.Devant 200 convives et la traditionnelle chorba, Hortefeux, qui est également le ministre chargé des cultes, a prononcé un discours pour exprimer ses «regrets», et non ses excuses, pour avoir dit ce que les Arabes ont pris pour eux. «Quand il y a un ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes.» «Je suis ému de penser que, du fait d'un certain tohu-bohu médiatique, et d'une interprétation totalement inexacte, des personnes ont pu être blessées dans leur être et leurs convictions. Je veux donc dire mes regrets, au-delà d'une polémique inutile et injuste, j'exprime mon respect pour tous les Français, celles et ceux qui vivent sur notre sol, quelles que soient leur religion, leurs convictions», a déclaré le ministre, espérant qu'avec ces propos il fermera définitivement une parenthèse qui dure et qui a terni son image. Il a tenu à assurer que «L'islam a aujourd'hui toute sa place aux côtés des autres grandes religions du Livre, dans notre maison commune». «La République, a-t-il ajouté, doit être plus que jamais une école de tolérance et de dignité. C'est un combat de tous les jours, et j'y veillerai». Pas d'excuses donc, car Hortefeux estime toujours n'avoir pas commis de faute. Et ses regrets portent plutôt sur «la polémique inutile et injuste» que sur ses dires. Il n'est pas étonnant que la salle ait apprécié diversement sa déclaration. Soutien évidemment de sa collègue du gouvernement, Fadela Amara, qui a trouvé que «ces propos sont un signe d'humanité et de générosité, c'est fort de la part de Brice». Comme du président du CFCM, Mohamed Moussaoui, qui a accueilli le ministre en reconnaissant en lui «un interlocuteur toujours respectueux de notre communauté». Un avis non partagé par la sénatrice socialiste Bariza Khiari qui a estimé que «les propos nauséabonds [du ministre] dénotent une image dégradée de l'islam en France» tout en relevant que «les regrets du ministre prouvent au moins qu'il y a pris la mesure de l'humiliation de la communauté». Juste avant le déjeuner du Ramadhan, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a, par une délibération de son bureau exécutif, décidé de donner une suite judiciaire aux propos de Hortefeux comme pour ne pas laisser la polémique s'éteindre, considérant que les regrets exprimés un peu plus tard étaient insuffisants. Dans son communiqué, le MRAP annonce que «fidèle à ses principes d'une lutte sans concession contre le racisme sous toutes ses formes, quels qu'en soient les auteurs ou les lieux» il «a pris la décision de faire citer devant le tribunal correctionnel du chef de diffamation à caractère raciste M. Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, pour les propos profondément humiliants et attentatoires à la dignité et à la considération des personnes d'origine arabe». Pour le MRAP, qui demande sa démission, le ministre «a participé à l'incitation à la discrimination, confortant ainsi les préjugés racistes en y apportant sa contribution […]».