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Blaoui El Houari : Ses amis et ses disciples en parlent !
Publié dans El Watan le 21 - 07 - 2017

– Lakhdar Mansouri. Réalisateur et professeur au département des arts de l'université d'Oran : Un autre lion d'El Bahia vient de nous quitter
«Blaoui El Houari a sacrifié toute sa vie pour le développement de l'art et la culture à Oran et en Algérie. Il a apporté précocement une vision nouvelle de la musique locale à Oran, qu'il s'agisse de l'oranais ou du bédoui ancien qu'il a modernisé et actualisé selon les aspirations de sa génération et sa société.
C'est une école musicale à lui tout seul, une école oranaise et algérienne. Il n'y a qu'à voir ce que sont devenus les jeunes qu'il a pris sous son aile, comme Cheb Khaled ou Cheb Mami. C'était non seulement un artiste accompli, mais également un formateur et pédagogue qui a continué à recevoir les jeunes musiciens et artistes jusqu'à ses derniers jours.
On sent facilement à quel point il est dans la proximité. Il est en effet très proche de la société et c'est perceptible à travers ses chansons qui parlent des maux des gens, des contradictions et du réel, et ce, dans tous les domaines, comme la comédie, la chanson populaire, le style national (…) ; il a été surtout le père de beaucoup d'artistes, ce qui lui assure une relève dans la préservation du patrimoine et la modernisation de la société à travers l'art.
C'est le père spirituel de la chanson oranaise qui est devenue internationale. Nous n'oublierons jamais sa modestie et sa générosité artistique qui a donné une dimension planétaire au style oranais. Sa plus belle chanson pour moi est Oua Alache T'loumouni, chantée par feu Ahmed Wahbi et bien d'autres comme Khaled, une chanson qui témoigne de sa sensibilité et sa largesse artistique, mais aussi humaine. C'est simple, écouter Blaoui, c'est toucher l'identité oranaise.
Oran vient de perdre un de ses lions car, même s'il est parti en paix, sans faire de bruit, la disparition de Blaoui El Houari nous rappelle instinctivement celles de Hasni, Alloula, Wahbi et bien d'autres. C'est un pilier, un monument dans l'art et la culture à Oran, laquelle ville demeure à présent endeuillée et orpheline de l'un de ses grands artistes irremplaçables.»
– Madjid Hadj Brahim. Musicien et élève du maître : C'est une école d'envergure mondiale !
Le chanteur Madjid Hadj Brahim, connu surtout pour être le neveu du roi du raï, Cheb Khaled, avec qui on confond les voix, se dit être un des élèves de Blaoui El Houari. Malgré son bouleversement et sa tristesse, il a accepté de se confier : «Je suis trop ému pour vous parler. Je pleure comme un bébé, excusez-moi ! Que puis-je dire, si ce n'est que c'est un monument de la chanson oranaise qui vient de nous quitter. Je suis triste parce que je suis musicien, mais aussi parce que je l'ai connu.
Je lui rendais souvent visite. Il m'a appris tellement de choses. C'est une école d'envergure mondiale. Ses enseignements ne portent pas uniquement sur l'art et la musique, mais également sur les valeurs humaines essentielles au développement des sociétés. J'allais le voir et l'écouter avec beaucoup de jeunes artistes, tellement il tenait à transmettre et préparer les générations futures. Je lui ai fait une promesse, une chanson pour lui rendre hommage.
J'aurais aimé qu'il soit encore là pour l'écouter. Mais sans le dire, il nous a confié toute une mission, celle d'honorer notre pays et d'être fidèles à notre art, d'être fiers. C'est normal, c'est le lion d'Oran qui nous enseigne comment être des hommes. Nous avons eu beaucoup de chance de le côtoyer, de l'écouter, de lui faire part de nos rêves et ambitions. Tout le monde n'a pas eu cette chance. J'ai encore du mal à me faire à l'idée qu'il soit parti. Mais un artiste de son envergure ne meurt jamais, son œuvre est éternelle, tellement moderne et authentique qu'il restera la référence majeure dans la musique oranaise et algérienne.»
– Sadek Democratoz. Musicien oranais chantant l'Afrique, les racines et la liberté : J'ai eu droit à une leçon de vie
Sadek Democratoz fait partie de la nouvelle génération d'artistes qui puisent dans le terroir, tout en sillonnant le monde pour porter les voix des peuples libres. Il raconte une anecdote avec le maître Baloui El Houari : «Un jour, dans la place dite Tahtaha à M'dina J'dida, je l'ai vu passer près d'un vendeur de disques gravés et étalés par terre. Son CD à lui, son produit quoi, traînait par terre, n'importe comment. Il s'est rapproché.
Il a bien regardé le CD, il s'est penché, puis l'a payé à quelques dinars, tout en sachant que c'est du piratage, puis il est reparti la tête baissée et l'âme grande et majestueuse. Ça m'a marqué profondément. C'était troublant d'assister à une scène pareille. Je n'ai jamais oublié cette histoire. C'est notre maître à tous, et même à travers ce geste, il nous enseigne que nous devons faire ce que nous avons à faire, en restant humble. Mais cela démontre également que, dans notre société, il faut s'attendre à des choses qui vont nous perturber.
Cela m'a permis de penser à ce que j'ai donné et à ce que les autres ont donné pour moi, pour que je puisse traîner avec ma guitare dans la rue et me produire sur scène par exemple. Cette anecdote démontre également que l'artiste a besoin d'être compris et respecté. Le non-respect envers un emblème national est synonyme d'échec pour toute la société. C'est pour cela que nous devons reprendre le flambeau et perpétuer l'héritage des anciens comme Blaoui El Houari. Il s'agit du salut de notre société et pour lequel ils ont beaucoup donné. Blaoui El Houari a continué à donner en restant en contact avec les jeunes artistes.»
– Kouider Métaïr. Président de l'association patrimoniale Bel Horizon et ami de Blaoui El Houari : Le coup de génie de Blaoui en 3 temps
M'dina J'dida, le « village nègre » du général Lamoricière, vivait un rythme et un foisonnement culturel qu'on lui connait plus actuellement. Après la seconde guerre mondiale et après les grands interprètes Hanani et Bensmir, émergent deux groupes folkloriques qui rivalisaient en ingéniosité : Nedjma sera connue grâce à Ahmed Wahbi et l'autre « el Banda Zahouania » portait Blaoui. Wahbi va s'orienter plus vers le « Charki » avec le luth et Blaoui plus éclectique va avoir le coup de génie d'introduire le quart de temps à un instrument occidental : la Guitare. Blaoui écoutait et aimait toutes les musiques du monde.
Sa capacité de fusion va lui permettre, autre son coup de génie, de faire du neuf avec de l'ancien, en modernisant le « melhoun » par l'introduction, en lieu et place de la gasba, des instruments de l'autre, en particulier la guitare et l'accordéon. C'est ce qu'on appelle dans le jargon actuel, l'appropriation du patrimoine avec l'esprit de son temps.
Et enfin, s'il n'a pas écrit ses mémoires, Blaoui a pensé à la fin de son parcours artistique, offrir une fresque à sa ville Oran en égrenant ses souvenirs , en chantant Saints, artistes, artisans et les cafés de son quartier M'Didna Jdida avec une orchestration originale et une « khatima » tristement crépusculaire et prémonitoire.


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