Pour Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, si le taux de réussite est «meilleur» que celui de l'année dernière, il ne reflète pas le niveau de l'école, «d'autant plus qu'il n'y a pas une vraie refonte de l'école». «Le jour où cette réforme sera appliquée, on pourra juger sérieusement les résultats de l'examen. Cela dit, la session spéciale qui a donné une double chance aux candidats a gonflé le taux», estime Amoura. S'agissant de la filière des mathématiques, qui vient en première position avec 68,70%, le syndicaliste et enseignant de cette matière considère que le sujet de l'examen était «abordable». «La moyenne obtenue par les matheux reflète leur vrai profil puisque pour cette filière les coefficients des matières secondaires sont moins importants que ceux des matières principales. Ce n'est malheureusement pas le cas des matières scientifiques, dont la somme des coefficients des matières secondaires est plus importante que les coefficients des matières principales», détaille-t-il. Selon Nabil Ferguenis, porte-parole de la fédération de l'éducation du Snapap, le taux de réussite est «satisfaisant» si on tient compte des «conditions de déroulement difficiles» de l'examen et après une année marquée par des mouvements de grève des enseignants. Toutefois, l'enseignant de Béjaïa n'est pas satisfait de la qualité de l'enseignement qui, selon lui, n'est toujours pas «bonne». «Il y a des classes d'examen surchargées, avec 35 à 40 élèves. Nous sommes pour des classes de 25 élèves au maximum. Il y a des disparités entre les établissements. Le ministère doit s'occuper de cet aspect», suggère M. Ferguenis. Très sévère, Idir Achour, porte-parole du Cela, commence par dénoncer «la marchandisation des résultats, dans la mesure où ce sont les opérateurs de la téléphonie qui sont chargés par le ministère de l'Education nationale d'annoncer les résultats en premier». «Les résultats sont d'abord donnés par les opérateurs. Les établissement n'avaient pas la possibilité de les afficher», s'offusque le porte-parole. Selon lui, le taux de réussite a été «gonflé» puisqu'il «dépasse la moyenne du taux de réussite de l'année scolaire des candidats, qui n'est que de 30%». «Au mieux, le taux n'aurait pas dépassé les 50%. Selon l'étude menée par nos soins dans les centres de correction, les taux sont de 44,46%», avance Idir Achour sans détailler la méthode suivie par son syndicat pour remettre en cause le taux officiel avancé par le ministère de l'Education. Où est la réforme du bac ? Regrettant l'absence de candidats à la session spéciale réclamée à cor et à cri par son association des parents d'élèves, Khaled Ahmed s'est réjoui de la «réussite» de l'examen de cette année. «Il n'y a pas eu de fuite comme l'année dernière, malgré la publication des sujets à quelques minutes de l'ouverture des centres. D'ailleurs, les coupables de Djelfa et Laghouat ont été poursuivis. Les sujets étaient abordables», constate-t-il. Le député et syndicaliste de l'Unpef, Messaoud Amraoui, estime que le taux de réussite ne reflète pas le «niveau réel de l'enseignement» puisque les examens sont évalués sur la base de trois critères : la préparation du candidat, les questions proposées et la notation adoptée. Evoquant des «dysfonctionnements» dans la formation des inspecteurs de l'éducation, le député estime que le taux «augmente chaque année, sans que le niveau des candidats ne s'améliore». Soutenant la ministre de l'Education, le président de l'association des parents d'élèves souhaite la mise en place rapide de la réforme «reportée» du bac sur laquelle se sont attelés les partenaires du ministère. «Il y a eu un consensus sur les propositions soumises par la ministre à Sellal, Premier ministre de l'époque. Nous sommes sortis après des mois de concertation avec 4 propositions liées principalement à l'examen des matières secondaires en 2e année secondaire, à la réduction du nombre de jours et à la fiche de synthèse», relève Ahmed Khaled, qui affirme que la réforme du baccalauréat devait être mise en œuvre lors de l'année scolaire 2016-2017. «La logique d'austérité a prévalu», croit savoir Idir Achour, porte-parole du Cela.