Cette grève a été entamée il y a trois jours par les entreprises privées, quasiment toutes créées dans le cadre de l'Ansej et ayant une convention avec l'APC. Par cette action de protestation, elles dénoncent le fait de n'avoir pas été payées depuis plus d'un an, plus précisément depuis l'année 2015. L'arrêt de 150 camions à bennes n'a pas été sans plonger les rues et les cités d'El Bahia dans un décor apocalyptique, les services d'hygiène de la wilaya et ceux de la ville ne pouvant vraisemblablement pas assurer le service minium pour préserver la salubrité publique. C'est le cas à haï Daya (ex Petit Lac) par exemple, les dépôts d'ordures continuent de s'amonceler sous un soleil de plomb, attirant insectes et rongeurs, et dégageant des odeurs nauséabondes, ce qui rend ce mois caniculaire de plus en plus insupportable. Bouabdellah, un habitant de ce quartier, déclare : «Vous savez ici, à Petit Lac, il y a des familles nombreuses dans chaque maison. On vit à l'étroit. Tout le monde n'a pas de climatiseur et on se réfugie à l'extérieur, sous l'ombre des quelques arbres qui existent ou devant nos portes pour résister à l'été. Mais comme vous le voyez, les ordures s'accumulent et c'est devenu invivable, la nuit comme le jour». Notre interlocuteur s'interroge sur les raisons de cette grève mais surtout «pourquoi ce sont les quartiers dits populaires qui en paient le prix». Et d'ajouter : «Je sais que les camionneurs privés qui ont des contrats avec l'APC font la collecte dans des secteurs précis. Pourquoi tous les autres endroits ont été nettoyés pour le passage des autorités, des responsables et des personnalités importantes qui sont en visite à Oran ces deux derniers jours, et pas notre quartier?». En outre, un chauffeur chez un sous-traitant, Noureddine, a expliqué que cette grève risque de durer car les opérateurs privés subissent une grande pression. Il déclare : «Vous savez ces sous-traitants ont des charges énormes, ils ont des entreprises à gérer et des chauffeurs, des doubleurs et des impôts à payer. Ils n'ont pas été payés depuis une année. Ils sont au nombre de 150. Ils se sont tous rassemblés mardi à Boufatis, près de la décharge publique, pour entamer ce mouvement de grève. Il a été décidé de maintenir la pression». Les 150 camions détenus par ces sous-traitants ont déjà été à l'arrêt en mars 2017, suite à un même mouvement de grève illimitée et pour les mêmes raisons ; à savoir, le non paiement de plusieurs mois de retard par l'APC d'Oran. Le maire d'Oran par intérim nous a déclaré que «cette grève est illégale». Et d'ajouter qu'aucun préavis de grève n'a été déposé par les gérants de ces entreprises : «Ils n'ont même pas avisé les services communaux de la DHA pour qu'elle puisse renforcer son programme de collecte». Quant à leur revendication, il dira qu'il s'agit purement d'un problème de trésorerie. Une rencontre entre le secrétaire général de la wilaya, des représentants de l'APC et des gérants des entreprises concernées devait être programmée hier après-midi afin de trouver des solutions.