Contactés hier, ils ont réitéré leur décision de maintenir la rencontre littéraire, prévue pour aujourd'hui 17h au théâtre régional Malek Bouguermouh (TRB), sans introduire de demande d'autorisation. «La direction du TRB a accepté de nous ouvrir la salle sous réserve de détenir une autorisation de la wilaya, ce que nous refusons catégoriquement de faire. Ce faisant, nous maintenons la tenue de notre Café littéraire avec Saïd Sadi. Si la salle nous est ouverte, tout se passera comme les fois précédentes. Mais dans le cas contraire, nous organiserons un rassemblement devant le théâtre où nous prendrons la parole afin de dénoncer l'attitude des autorités et exiger la suppression du régime des autorisations pour revenir au régime déclaratif pour l'organisation des manifestations culturelles et autres», nous a déclaré Khaled Zirem au téléphone. Pour rappel, immédiatement après cette sortie des pouvoirs publics, le Café littéraire s'est fendu d'un communiqué où il a condamné, entre autres intimidations, les entraves à la liberté d'expression et d'organisation. «De quel droit divin revient-il aux autorités de décider si un écrivain, un poète, un artiste, un scientifique, un élu, un politique doit s'exprimer ou non ? Pourquoi ce désir forcené de vouloir castrer les intellectuels, les créateurs et les acteurs associatifs ? Pourquoi cette négation de ce qui est fondamental chez l'individu : la liberté et la dignité ?» s'interroge le Café littéraire. Il est à rappeler, par ailleurs, que c'est la deuxième fois qu'une autorisation est exigée au Café littéraire de Béjaïa. Et les deux fois, c'est Saïd Sadi qui est prévu. «En 2015, il nous a été exigé l'octroi d'une autorisation pour inviter le même Saïd Sadi afin qu'il parle de son livre sur le Colonel Amirouche. Nous avons introduit une demande pour laquelle aucune réponse n'a été donnée au bout de deux jours. Le Drag a alors insinué que Saïd Sadi était un homme politique. Le troisième jour, nous avons décidé de passer outre et d'organiser la rencontre sans autorisation», a déclaré pour sa part Kader Sadji. Une question se pose : veut-on interdire de parole l'ancien leader du RCD ? Et si c'est le cas, pourquoi ? Quoi qu'il en soit, le Café littéraire de Béjaïa ne compte pas fléchir devant les lubies des autorités. Ses membres laissent le soin au rapport de forces de décider qui de l'administration ou de la société civile va l'emporter en s'inscrivant dans «l'esprit d'Aokas». «Nous nous inscrivons dans l'esprit d'Aokas, c'est un principe. Car nous estimons que ce n'est pas aux institutions de décider si telle ou telle personnalité peut animer une conférence ou pas», s'insurge Kader Sadji. Les autorités vont-elles s'enfoncer dans la confrontation au risque de rééditer le scénario d'Aokas où l'interdiction d'une conférence a conduit à des émeutes ? La réponse aujourd'hui à 17h.