Selon les différents bilans de la Direction générale des forêts (DGF) et de la direction générale de la Protection civile (DGPC), plus 2100 incendies de forêt ont été comptabilisés depuis le début du mois de juin. En effet, selon les chiffres officiels communiqués, hier lors d'une conférence de presse, par la DGPC, les sapeurs-pompiers sont intervenus 2272 fois dans des feux de forêt à travers le territoire national. «Ce bilan d'intervention concerne la période du 1er juin au 20 du mois en cours, où 1588,35 ha de récoltes, 3946 palmiers, 166 646 arbres fruitiers et 186 181 bottes de foin sont partis en fumée», déclare le colonel Farouk Achour, sous-directeur des statistiques et de l'information à la DGPC avant de donner la parole à Abdeghani Boumessaoud, directeur adjoint à la DGF. Ce dernier dévoile, dans un bilan provisoire, arrêté le 16 août, que près de 32 hectares entre forêts, maquis et broussailles ont été ravagés par les 2121 foyers enregistrés durant cette période de grande chaleur. «Ces feux de forêt ont parcouru précisément une superficie de 31 941 hectares, dont 15 543 ha de forêts, 7904 ha de maquis et 8484 ha de broussailles. La période la plus critique en nombre et surtout en intensité des feux déclenchés est la première quinzaine de ce mois d'août, où certes le nombre (792 incendies) est inférieur à celui du mois de juillet (1223 incendies), mais les pertes sont énormes. Durant ces 15 jours, les pertes sont évaluées à 22 355 hectares, soit 69% de la surface totale perdue. La moyenne quotidienne durant cette courte période seulement était d'une cinquantaine d'incendies par jour et une perte estimée à plus de 28 ha par foyer. La moyenne générale depuis le 1er juin est de 28 foyers par jour et une superficie de 15 ha par foyer», détaille notre interlocuteur avant de signaler que la région Est du pays a été la plus touchée par ces feux de forêt. Une région qui représente 49% de la superficie forestière totale de l'Algérie, estimée à 4 millions d'hectares. Selon le même responsable, les wilayas les plus touchées sont El Tarf, Skikda, Béjaïa, Guelma, Tizi Ouzou, Annaba, Médéa, Jijel, Sétif et Aïn Defla. En plus des conditions climatiques assez particulières de cet été, les responsables à la DGF et la DGPC ont tous affirmé qu'il s'agit d'actes volontaires. «La région est du pays est connue pour son couvert végétal dense et aussi par l'élevage bovin traditionnel. Certains éleveurs, pour ne pas dire tous, recourent à des feux prémédités pour régénérer l'herbe. Dans des conditions climatiques pareilles, ces feux sont souvent immaîtrisables et virent à la catastrophe. C'est la raison pour laquelle il est strictement interdit de mettre le feu durant les mois des grandes chaleurs, notamment juillet et août. Il est également recommandé aux éleveurs de réserver un espace de 15 à 20 m² sans aucune végétation afin d'éviter la propagation de tout feu vers des zones, entre autres, forestières», recommande M. Boumessaoud. Signalons que 22 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête, toujours en cours, menée par les éléments de la Sûreté et la Gendarmerie nationales. 20 000 agents mobilisés Pour la Protection civile, la mission d'extinction de ces feux n'a pas été une sinécure. Selon le colonel Achour, les éléments mobilisés dans cette mission, au nombre de 20 000, ont rencontré plusieurs entraves, dont essentiellement le manque de pistes et voies d'accès des moyens de lutte vers les zones incendiées. Il est également déploré le manque de mesures préventives liées aux risques de déclenchement et propagation d'incendies de forêt, une insuffisance en matière de surveillance des incendies à travers les massifs forestiers et dans les points d'eau pour l'alimentation des engins d'incendie. Cela s'ajoute aux effets des changements climatiques caractérisés à travers un été chaud et sec. «Suite à cette succession de feux très rudes, nous avons déploré la mort de deux de nos agents. Les décès n'ont pas été seulement dans nos rangs, mais aussi dans celui des citoyens où une personne a perdu la vie dans la wilaya de Boumerdès. Elle tentait de faire sortir ses bêtes de leur enclos, mais a fini par être encerclée par les flammes avant de succomber. Plusieurs autres personnes ont été blessées, notamment en Kabylie. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, 17 maisons ont été endommagées par les flammes», déplore le colonel Achour. Pour la première fois, il a été question de recourir aux hélicoptères bombardiers à eau (HBE). Ce même responsable à la DGPC a déclaré que le recours à cette nouvelle méthode en Algérie n'était pas prévu étant donné que les pilotes ainsi que tout le personnel exerçant autour des 6 hélicoptères acquis en 2012, 150 personnes au total, sont encore en formation. «Il ne s'agit pas d'une simple formation au pilotage d'hélicoptère, mais surtout à les former à la conduite en linéaire, avant d'arriver à l'intervention aérienne pour éteindre un feu de forêt. Malgré cette précocité, les opérations d'extinction des feux avec les HBE menées dans la wilaya d'El Tarf, où les incendies étaient des plus forts ont été une grande réussite», explique notre interlocuteur. Et d'ajouter que l'utilisation de ces engins dans l'extinction des feux à El Tarf n'a absolument rien à voir avec l'intensité des flammes mais pour d'autres raisons. La plus importante est que ces pilotes étaient en formation dans cette région. Leur intervention, à titre de test seulement, ne pouvait se faire dans une région encore plus lointaine, telle que la Kabylie. Il a également annoncé le renforcement des 22 colonnes mobiles déjà existantes par 29 autres et qu'une étude menée par la DGPC est en voie d'achèvement afin d'établir une cartographie des zones les plus sensibles aux incendies de forêt et mettre en place tous les moyens possibles pour une meilleure maîtrise en temps réel des éventuels futurs incendies.