L'auteur de l'affaire des faux magistrats connaîtra son sort aujourd'hui devant la justice. Benyoucef Mellouk avait comparu, le 7 mars 2010, devant la cour d'Alger, pour une plainte de diffamation déposée par deux anciens ministres de l'Intérieur, Mostefa Mohammedi, et des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba, 18 ans auparavant, et pour laquelle il avait été condamné, en première instance, à 4 mois de prison ferme. « L'affaire n'a rien de diffamation. C'est la même que je traîne depuis 1992 et je veux parler en présence du peuple parce qu'elle est devenue politique (….) On m'a confié une mission alors que j'étais responsable d'un service au ministère de la Justice. On m'a demandé d'assainir les rangs de l'appareil judiciaire. J'ai confectionné des dossiers et les ai remis à mes responsables », avait-il déclaré devant la juge qui l'interrogeait, à la cour d'Alger, devant une assistance nombreuse venue le soutenir dans son combat pour la vérité. Il avait affirmé que c'est après la venue du défunt président Mohamed Boudiaf que la mission de contrôler des dossiers des magistrats au sein de la chancellerie lui a été confiée en 1992. « J'ai été saisi en tant que directeur des affaires juridiques et du contentieux par le ministre de l'époque, M. Kherroubi, pour l'ouverture d'une enquête sur les fausses attestations d'ancien moudjahid que beaucoup de magistrats avaient déposées dans leurs dossiers (…) c'était mon devoir de dénoncer. Si Je ne l'avais pas fait, j'aurais trahi ma patrie. Il s'agit de dossiers de magistrats, et à l'époque Kaddour Berradja, actuel président de la Cour suprême, était cadre au ministère et avait participé à ce travail. J'ai découvert de nombreuses fausses attestations d'ancien moudjahid (…) je n'ai diffamé personne. Il se trouve que Djeghaba, Mohammedi et les syndicats des magistrats ont voulu étouffer cette affaire qui a fait boule de neige parce qu'il est question de 800 dossiers de magistrats faussaires prouvés. » Son avocat, Me Aït Larbi, a abondé dans le même sens en regrettant l'absence des plaignants et leurs avocats au procès. « Cela fait 18 ans que Mellouk subit la machine judiciaire. Pour avoir dit la vérité, cette vérité qui fait peur, il s'est retrouvé isolé, sans salaire, malade et lourdement affecté. Lui qui, dans un autre pays, aurait été mis à la retraite avec tous les honneurs et toutes les médailles du mérite », a-t-il déclaré avant de réclamer la prescription et l'innocence pour Mellouk. Le parquet a pour sa part demandé l'aggravation de la peine, avant que l'affaire ne soit mise en délibéré. Le verdict sera donc connu aujourd'hui.