Pas de trêve sociale. A peine une grève se termine qu'une autre se déclenche. Après les enseignants et les médecins, les travailleurs communaux comptent paralyser l'administration communale à travers une grève nationale de deux jours à partir du 30 mars prochain, en réponse à l'appel du Syndicat national autonome des personnes de l'administration publique (Snapap). Ce nouveau mouvement de contestation interviendra dans un contexte social très agité. Et ce n'est sans doute pas la menace brandie par le gouvernement qui fera taire la contestation. Dans un communiqué rendu public hier, le conseil national du secteur des communes, affilié au Snapap, a estimé que « sans une mobilisation réelle de tous les travailleurs, les pouvoirs publics continueront à marginaliser le secteur des communes ». Le syndicat a justifié le débrayage auquel il a appelé par la situation socioprofessionnelle des travailleurs communaux, se caractérisant par « la dégradation des conditions de travail et du pouvoir d'achat ». Une situation que dénonce le syndicat des fonctionnaires avec force. « Le conseil syndical dénonce la marginalisation et l'exclusion des travailleurs communaux et des corps communs des différentes augmentations salariales et de la classification catégorielle de la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique », peut-on lire dans le communiqué du Snapap. Les fonctionnaires communaux ont fait avancer, à travers leur mouvement, toute une série de revendications. Ils réclament, entre autres exigences : « La revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne, l'intégration des contractuels en poste, la promulgation du projet du statut particulier des communaux et le régime indemnitaire, la révision de la classification catégorielle des communaux et le maintien de la retraite sans limite d'âge. » Des revendications pour lesquelles d'autres structures syndicales ont reçu le niet ou le bâton des pouvoirs publics. Le gouvernement a fait le choix de la répression des mouvements de contestation sociale en lieu et place du dialogue. Il ne s'est pas gêné à traîner des syndicalistes devant les tribunaux. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'a pas hésité d'ailleurs à qualifier les grèves des enseignants et des praticiens de la santé « d'agitation sociale entretenue dans certains espaces du service public ». Il a parlé également, lors de sa conférence de presse, vendredi passé, « d'une grande opération de déstabilisation ». Le syndicat des fonctionnaires des communes n'ignore pas cette réalité. Sa victoire dépendra de sa capacité à mobiliser les troupes. Il se dit déterminé à faire aboutir ses revendications. Il ne compte pas se limiter uniquement aux deux seules journées de grève. L'action des travailleurs des communes peut se renouveler à partir de la deuxième semaine du mois d'avril prochain. Cependant, au-delà de l'échec ou de la réussite de la grève, il est utile de souligner que le front social connaît, avec le premier trimestre de cette année, une phase des plus mouvementées. Les pouvoirs publics ne pourront plus continuer à ignorer cette réalité.