Les travaux effectués par certains habitants sur une conduite passant à proximité de l'établissement ont généré une véritable catastrophe. Les vingt-six enseignants du lycée de Ziadia refusent de travailler depuis le 15 mars à cause des conditions lamentables dans lesquelles se trouve leur établissement. Le « lycée de Ziadia » n'a que ce nom, il est situé sur la route de Sarkina, en bifurquant à gauche, surplombé à droite par les bâtiments de la cité Ziadia, et son flanc gauche donne sur un bidonville. A l'arrière du lycée, c'est l'horreur, une canalisation éventrée déverse un torrent d'eaux usées sur le bidonville. Dérangés par la puanteur et les eaux usées, les habitants ont fait quelques « travaux » ; ils ont dévié la direction des eaux vers le lycée, puis ont fait un trou dans le mur de l'établissement qui est devenu un immense réservoir à déchets putrides. Les couloirs qui mènent à une partie des salles de classe débordent d'eaux nauséabondes ; les élèves n'y ont plus accès. A ce sujet, un enseignant nous dira : « Je suis ici depuis 8 ans, et les problèmes perdurent, les odeurs nous étouffent, on ne peut même plus respirer, comment voulez-vous qu'on travaille ? Les eaux usées coulent sur les canalisations d'eau potable et contamine celle-ci ; une équipe de l'ONA a interdit l'utilisation de cet eau en attendant les résultats des analyses, les conditions d'hygiène sont plus que déplorables, ça ne peut plus durer ! » Selon les enseignants, les autorités ont déjà donné des consignes spécifiques pour venir à bout du problème. « Une équipe de travailleurs est déjà venue ici, on a eu l'espoir que le calvaire allait se terminer, mais ils sont partis pour ne plus revenir, nous ne pouvons plus supporter cela, il faut que les autorités agissent au lieu de nous dire de reprendre le travail car notre message est bien arrivé », nous confiera un autre. D'autre part, la route qui mène au lycée est impraticable, elle est creusée au milieu par le déversement des eaux de pluie, et même des eux usées, lorsque les égouts éclatent. Tout autour du lycée, les décharges publiques fusent, des amas de sacs-poubelles « décorent » de part et d'autre l'entrée du lycée, qui semble oublié ; l'endroit est désert et les jeunes filles sont souvent agressées sur le chemin de l'école, même les enseignants n'y échappent pas, à ce propos un autre enseignant dit : « On m'a agressé pour me prendre le téléphone portable, un élève a même reçu un coup de couteau une fois, on ne demande pas grand-chose, les patrouilles de police peuvent bien venir faire de temps en temps des rondes, cela pourrait garantir un minimum de sécurité pour nous, et surtout pour les élèves ! » Devant de telles conditions, les enseignants réclament l'intervention du directeur de l'éducation pour mettre fin à cette situation qui persiste depuis longtemps, les élèves se joignent à eux dans leur protestation ; ils ne comprennent pas pourquoi leur lycée est autant négligé, pourquoi ils doivent subir, en 2010, des conditions de scolarisation aussi inhumaines !