Le Bangladesh a envoyé hier ses forces armées à la rescousse dans le sud du pays pour gérer l'aide aux centaines de milliers de réfugiés rohingyas, une crise humanitaire qui s'installe dans la durée. Plus de 420 000 Rohingyas y ont trouvé abri depuis le 25 août pour fuir les violences dans l'ouest de la Birmanie voisine, où l'armée de ce pays mène ce que l'ONU considère comme une épuration ethnique. Les pluies torrentielles de ces cinq derniers jours ont transformé en bourbiers les camps de réfugiés surpeuplés et leurs environs, où campent avec les moyens du bord les nouveaux arrivants, faute de place ailleurs. Le sort de la minorité musulmane rohingya en Birmanie vaut à Naypyidaw de vives critiques à l'international. Sortant de son silence lors d'un grand discours télévisé mardi, la dirigeante birmane, Aung San Suu Kyi, s'est dite «prête» à un retour de réfugiés rohingyas, mais selon des critères qui restaient ambigus. En attendant, le Bangladesh se prépare à une crise humanitaire au long cours sur son sol. Il assure que sous dix jours sera sorti de terre un camp de réfugiés capable d'héberger 400 000 personnes. Mais sur place, on voyait peu de signes de travaux d'ampleur. Le Bangladesh, pays parmi les plus pauvres de la planète comptait, avant même la nouvelle flambée de violences fin août en Birmanie, au moins 300 000 réfugiés rohingyas sur son sol, legs de vagues migratoires précédentes. La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a renouvelé cette semaine son appel à son voisin à «réadmettre les réfugiés rohingyas». «Nous avons dit à la Birmanie ils sont vos citoyens, vous devez les reprendre, assurer leur sécurité, les abriter, il ne devrait y avoir ni oppression ni torture», a déclaré Mme Hasina mardi soir à New York, où elle se trouve pour assister à l'Assemblée générale de l'ONU. Malgré les efforts diplomatiques pour assurer le rapatriement des Rohingyas en Birmanie, qui les considère comme des étrangers, «le gouvernement birman ne répond pas aux appels. A la place, la Birmanie dispose des mines antipersonnel le long de la frontière pour empêcher le retour des Rohingyas dans leur pays natal», a déploré la Première ministre.