Après le relogement des habitants du bidonville de Diar Echems, les « résidants » de la ferme Grégory de Kouba sont sortis dans la rue pour exprimer leurs revendications. Certains émeutiers s'en sont pris dans la soirée d'hier au centre culturel de Haï El Badr l Du matériel informatique y a été dérobé. L'opération de relogement des habitants de Diar Echems risque de provoquer un effet boule-de-neige dans de nombreux bidonvilles de la capitale. Hier encore, les occupants des baraques du quartier Grégory, à Kouba, ont crié leur ras-le-bol sur les conditions dans lesquelles ils vivent depuis plusieurs décennies. Très en colère, les habitants de ce quartier, une ancienne exploitation agricole coloniale, ont investi la rue et bloqué la route principale menant de Jolie-Vue à Kouba. Les jeunes issus de ce bidonville, qui en compte pas moins de 200 familles, revendiquent des logements à l'Etat, « tout comme ceux de Diar Echems », crient-ils à tue- tête. En effet, tôt le matin, des dizaines de personnes se sont massées devant l'école Taleb Abderrahamne. Des pneus usagés ont été enflammés, obstruant le passage de la circulation automobile. Des troncs d'arbres et des détritus y ont également servi d'obstacles. La tension monte. « Nous dénonçons le deux poids, deux mesures prôné par les autorités qui ont attribué des logements décents à certains habitants de bidonvilles, sans se soucier de nous qui existons ici depuis plusieurs décennies », explique un jeune protestataire, nous invitant à visiter ce qui lui sert, lui et sa famille, de maison.Une femme d'un certain âge insistera à nous montrer sa condition. Son fils âgé de 20 ans et ses filles de 11 et 28 ans partagent sa chambre qui sert également de salle de séjour. Les protestataires qui demandent à ce que leur « quartier » soit inclu dans la liste des bidonvilles appelés à être relogés au cours de l'année, dénoncent par la même occasion la position de la présidente de l'APC. « Elle n'a rien fait pour faire bouger les choses en notre faveur », souligne un habitant de ce site. « Les responsables locaux se sont servis de nous pour réussir leur campagne électorale à la veille des élections locales. Ils nous ont promis de nous reloger dans des habitations décentes, mais aujourd'hui qu'ils sont bien installés dans leur poste, aucun d'eux ne se soucie de nous », lance une voix parmi une foule en colère qui grossit. Des représentants des habitants de « Grégory » ont à maintes fois saisi l'APC sur cette question de relogement. « La première responsable de cette assemblée se contente de nous dire que la question la dépasse et qu'il faut nous adresser à la wilaya », rappelle un habitant. A souligner que les enfants aussi ont participé à leur manière à ce mouvement de protestation en boycottant les cours. « Nous faisons l'objet de mépris de nos camarades des autres quartiers. Ils nous surnomment taâ lebrarek (ceux des baraques) et nous traitent de voyous, de voleurs et de mal éduqués », témoigne Sihem, 10 ans à peine, très au fait de ce qui se passe autour d'elle. L'intervention des policiers, qui a dispersé la foule, s'est effectuée sans incidents. A midi, il ne restait plus que des tas de cendres et des restes de pneus à moitié brûlés. Mais les habitants, en colère, semblent déterminés à se faire entendre.