Le Quartette international (Etats-Unis, Europe, ONU et Russie) pour le Proche-Orient se réunit demain, à Moscou, dans une atmosphère marquée par le bras de fer entre les Etats-Unis et Israël, une crise que les Américains considèrent comme étant la plus importante depuis 1975, mais normalement, avec un ordre du jour qui ne devrait comporter aucune ambiguïté. Il s'agit pour lui d'aller de l'avant, et de donner un appui qui se veut international aux efforts déployés actuellement par les Etats-Unis, mais contrariés par Israël. Le monde commençait presque à perdre de vue, sinon à ignorer, jusqu'à l'existence de ce forum lancé en 2003 et qui, fort de sa feuille de route, s'était engagé en faveur de la création d'un Etat palestinien avant la fin de l'année 2005. Voilà un de ses engagements qui ont accentué l'amertume des Palestiniens et renforcé Israël dans son intransigeance, puisque, depuis 2003, celui-ci a totalement ignoré les mesures de confiance proposées par le Quartette, en tête desquelles figure le gel de la colonisation israélienne. Les Palestiniens n'ont eu ni l'un ni l'autre, mais ce qui est sûr, c'est que la Feuille de route a définitivement enterré l'accord d'Oslo, considéré pourtant comme le plus sérieux processus de paix. Même le Quartette a fait preuve d'une remarquable discrétion et d'un effacement, alors que la scène proche-orientale connaît de sérieuses menaces d'embrasement. Et même si la réunion de demain est prévue de longue date, l'obstination israélienne à coloniser les territoires palestiniens et arabes l'a amené à rompre le silence. Il vient ainsi de condamner la politique israélienne, et avertit que « tout acte unilatéral de la part d'une des parties ne doit pas préjuger du résultat des négociations et ne sera pas reconnu par la communauté internationale ». Plus que cela, lit-on dans son communiqué, ce forum fait savoir qu'il « est convenu de surveiller de près les développements à El Qods et se réserve la possibilité de prendre toute mesure supplémentaire que la situation sur le terrain pourrait requérir », sans que l'on sache de quelle mesure il peut s'agir. Le Quartette conclut en indiquant qu'il fera de nouveau le point de la situation lors de cette réunion, ce qui a amené l'émissaire du président américain, Barack Obama, pour le Proche-Orient, à retarder une nouvelle tournée dans la région qu'il devait entamer mardi. George Mitchell bénéficiera d'un délai supplémentaire et probablement de données nouvelles, comme la réponse israélienne demandée par Mme Clinton quant aux critiques adressées par les Etats-Unis. Mais M. Netanyahu a affirmé lundi qu'Israël « continuera à construire » dans le secteur oriental de la ville sainte. Pour Washington, ce n'est pas là la réponse attendue. De quoi peut-il s'agir au juste ? N'est-ce pas là la raison du report de quelques jours, il est vrai, de la visite de George Mitchell ? A priori, la tâche devient aisée pour le Quartette. Elle l'a toujours été du reste.