Où peut-on trouver des produits du terroir algérien ? Pratiquement nulle part, sommes-nous tentés de répondre, même si cette réponse semble plutôt expéditive tant il est vrai que ces produits issus d'un savoir-faire ancestral, de matières premières et de terroirs spécifiques offrent encore très peu de visibilité dans les circuits commerciaux. De la ferme du paysan de l'Ouarsenis aux rayons du supermarché du coin, il y a un long chemin que les autorités en charge du secteur de l'agriculture commencent à peine à baliser. Il faudrait une politique volontariste pour identifier, labelliser, protéger, encourager et commercialiser le produit de nos terroirs. Leur valorisation serait pourtant une autre manière de sauvegarder le patrimoine génétique du pays ainsi qu'un savoir-faire accumulé tout au long des siècles tout en agissant sur le développement durable. Des initiatives sont entreprises, qui font office actuellement d'expériences pionnières dans le domaine. Lancée en 2004 par la maison Ifri-Olives, la filiale Algérie Label possède 8 boutiques spécialisées dans les produits du terroir algérien, dont deux à l'aéroport d'Alger. Elle possède même des camions-boutiques pour se déplacer dans les villes et les quartiers. A terme, d'ici 2012, la marque ambitionne de créer une quarantaine d'enseignes à travers toutes les wilayas du pays. « Nous ouvrons également des franchises à des personnes désirant créer une boutique sous notre label », dit Boudjemaâ Kemiche, l'un des gérants de la marque. Production à l'ancienne L'aménagement des boutiques répond à des critères de marketing bien établis. Bien emballés et présentés dans des boîtes, des bocaux ou en bag-in-box, vous pouvez trouver quantité de produits locaux comme de l'huile d'olive, des olives de table, du couscous, des figues sèches, de la dersa, des épices, des câpres, du miel, de la harissa, du lehmis, des dattes, du jus de figues, du rob (jus de dattes), du fromage, de la caroube, de la tomate séchée, des noix, des noisettes, des amandes, des confitures et autres spécialités alimentaires. « On achète en vrac chez les fellahs de différentes régions, selon la disponibilité des produits. Ces produits sont traités, conditionnés et emballés dans notre usine selon les normes universellement admises », dit-il. L'autre avantage est que ce sont tous des produits étiquetés « bio » étant donné que les paysans produisent encore à l'ancienne. La marque va jusqu'à fournir elle-même les semences aux paysans pour être sûre d'avoir des produits répondant à ses normes et à ses valeurs. « Dans ce cas, les paysans vont produire pour nous, sous notre label, des produits "bio" avec des semences sélectionnées », ajoutera-t-il. D'ici quelques jours, Algérie Label va s'attaquer à la galette traditionnelle. Différents types de galettes algériennes seront produites, conditionnées et emballées sous vide, avec une durée de conservation de 6 mois. Même si le processus semble industriel, les galettes seront faites à la main, selon la tradition, avec du blé algérien sélectionné et de l'huile d'olive. Le produit est destiné aussi bien au commerce qu'à la restauration. Pour dénicher des produits du terroir et élargir leur gamme, les équipes d'Algérie Label se déplacent à travers le territoire national. M. Kemiche nous montre un vinaigre de raisin artisanal, spécialité des régions de Saïda, Mascara et Relizane. Mélangé à de l'huile d'olive, il fera, dans quelques jours, une vinaigrette au goût spécifique. Certaines spécialités comme « tizemmit oukharouve », sont faite à base de farine de caroube, d'orge grillée et moulue, et d'huile d'olive. Même si l'huile d'olive reste son produit phare – Algérie Label est issue de Ifri-Olives, fondée en 1922 – l'enseigne exporte vers plusieurs destinations comme le Canada, la France, la Suisse, l'Afrique du Sud, Bahreïn et d'autres pays. Elle vient également de participer à une foire commerciale au Soudan où elle tente de placer ses produits et de faire l'objet d'un reportage réalisé par l'agence Reuters pour le compte de grandes chaînes françaises.